Entretien avec Frédéric de Saint-Sernin : Partie II

Après avoir tiré le bilan de la saison 2007/2008 dans un premier temps, le président Frédéric de Saint-Sernin aborde dans une seconde partie le futur du Stade Rennais F.C.

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Pour retrouver la première partie de l'interview, cliquez iciA voir les grands clubs européens qui viennent en France piller les meilleurs jeunes dans les Centres de formation, il y a des inquiétudes à avoir...
Absolument, c'est une grosse inquiétude. Nous avons fait le choix d'une politique de formation. C'est une politique courageuse car elle est difficile à mener et elle représente 10% de notre budget. Tous les joueurs du Centre de formation n'alimenteront pas l'équipe première. Il doit y avoir beaucoup de qualité de la part de nos recruteurs et de nos superviseurs pour faire les bons choix et beaucoup d'attention de la part des éducateurs et professeurs. Le Centre de formation est un choix sportif et citoyen. C'est la marque de fabrique de beaucoup de clubs français mais cette volonté a été atténuée ou stoppée dans certains clubs. Malgré les difficultés et les inquiétudes, nous poursuivons cette politique. Nous sommes inquiets du risque de pillage de certains de nos meilleurs joueurs au plus jeune âge. Nous demandons donc à la Direction Technique Nationale, aux instances nationales et européennes de nous protéger et de faire en sorte que la formation à la française puisse perdurer. Si nous n'avons pas la possibilité de voir émerger ses jeunes, nous ne pourrons pas continuer. Je serais peut être le dernier des mohicans mais je me battrai pour que la formation telle que nous la menons puisse se poursuivre. C'est un combat éthique.


Pensez-vous qu'il y a un retard entre les instances et les clubs ?
C'est la vie de la société. J'ai été législateur pendant de nombreuses années et souvent la loi cherche à se mettre en conformité avec une réalité, des faits ou des moeurs qui se déroulent. On signale souvent aux instances nationales ce que l'on vit ou ce qui affaiblit notre politique de formation. C'est à cet instant que les instances peuvent réagir. Malheureusement, comme souvent dans tous pans de la vie, nous sommes en réaction plutôt qu'en prévention.


Vous-même et la direction avez annoncé la phase 2 du club. A quoi cela correspond t-il ?
Après l'important investissement de Mr Pinault qui date d'une dizaine d'années et une stabilité dans la réussite sportive, nous voulons essayer de faire mieux. Je n'annonce pas de meilleures places au classement. Nous en rêvons tous mais je reste traditionnellement mesuré parce que nous avons le 8e ou 9e budget de Ligue 1. C'est difficile quand on a moins d'argent. Nous voulons faire en sorte que la pérennité du club soit mieux assurée sur tous les plans. Nous voulons valoriser la ressource sportive. Nous avons fait de gros efforts pour que nous ayons un beau et performant centre d'entraînement avec tout ce qui peut permettre, sur les plans de la balnéothérapie ou de la kinésithérapie, à nos joueurs de récupérer au mieux. Nous nous posons la question suivante : pourquoi le Stade Rennais F.C. ne s'ouvrirait pas et ne s'occuperait que de ses joueurs ? Il pourrait y avoir une expertise « Stade Rennais F.C. » aussi bien sur le plan sportif que médical. Nous nous demandons aussi si nous ne pourrions pas développer d'autres activités au stade et diversifier notre offre de spectacle. Le Stade Rennais F.C., c'est beaucoup de ressources. Il ne s'agit pas seulement de ressources financières mais aussi humaines. Nous voulons créer une dynamique autour du club. Nous sommes une institution régionale parmi d'autres. Le Stade Rennais F.C. compte dans la vie de la cité, du département et de la région. Nous ne sommes pas non plus utopiques. Nous voulons nous baser sur notre stade, qui je rappelle, ne nous appartient pas. Nous n'avons pas de projet pour un nouveau. Nous observons aussi le cadre démographique qui va grossir. La Bretagne est la 2e région française en termes d'évolution démographique favorable à échéance de 10 ans. Nous prenons en compte toutes ces réalités pour faire en sorte de faire évoluer le Stade Rennais F.C. mais toujours dans la continuité.


D'importants chantiers sont en cours au stade de la route de Lorient. Pourquoi ces travaux ?
Chaque année, on veut faire en sorte que nos supporters et partenaires puissent être mieux accueillis. L'année dernière, nous avons porté l'effort sur nos salariés avec l'agrandissement du centre d'entraînement mais aussi le nouveau siège social à la Piverdière. Cet été, nous voulons nous moderniser en termes d'accueil grâce notamment aux écrans géants qui vont créer une animation plus forte. Nous avons un peu attendu pour les mettre en place mais ils seront particulièrement réussis. Je compte sur cette animation pour créer une dynamique et faire en sorte que les spectateurs soit véritablement le 12e homme pour que nous soyons encore plus forts à domicile.
Nous avons également de plus en plus de partenaires qui veulent participer à la convivialité. C'est pour cette raison que nous agrandissons et réaménageons les loges du grand salon panoramique.
Enfin, nous avons l'obligation sportive de refaire la pelouse. Malheureusement, pour des raisons de temps, nous n'avons pas pu mettre en place la pelouse synthétique mais nous sommes heureux d'avoir fait avancer le débat. C'est une décision unique parmi les grands championnats européens portée par le Stade Rennais F.C. Ce club a une voix qui porte de plus en plus chez les instances nationales.


Le marché des transferts s'annonce t-il houleux du côté de Rennes ?
Je suis plutôt quelqu'un de conservateur. Quand on compte près de 30 professionnels, il faut qu'il y ait un peu de renouvellement mais pas de bouleversements. Nous avons terminé 6e et je n'ai pas envie que nous perdions des éléments majeurs sans avoir anticipé les solutions. Nous sommes actifs mais le marché des transferts n'est pas véritablement ouvert.


Malgré vos responsabilités, avez-vous réussi à prendre du plaisir cette saison ?
Oui j'en ai pris beaucoup. D'abord parce que nous avons eu une très bonne qualité de football même si les résultats n'ont pas toujours été présents. Nous avons assisté à de très beaux matches comme le dernier face à Nancy où il y a eu beaucoup de suspense. Je pense que l'apport de joueurs techniques a beaucoup plu aux spectateurs et supporters. Même si nous avons été moins bien classés que l'année dernière, nous avons obtenu un point de plus cette saison. Le match où j'ai été le plus détendu était celui face à Strasbourg où nous menions 3 buts à 0 à la mi-temps. Mais ce n'est pas parce que je suis stressé pendant les matches que je ne prends pas de plaisir. Pour moi le stress est une saine émulation. C'est toujours comme cela que j'ai conçu ma vie avec du stress, de la tension et de la détente. C'est comme cela que j'imagine continuer ma vie.