Jeanuël, tu étais titulaire lundi à Clermont en demi-finale de la Gambardella après être allé à Lyon avec le groupe pro la veille. Comment gères-tu la déception de la non-qualification ?
Il y a des semaines où ça tourne moins bien. C’est à nous les joueurs de conserver l’esprit collectif, se parler et trouver les choses qui vont nous faire avancer et nous faire repartir de l’avant. Ça fait partie de l’apprentissage. On doit se regarder dans la glace, voir ce que l’on a fait de bien et de moins bien, et surtout avancer.
Tu as aimé ton association avec Jérémy Jacquet ?
C’est comme un frère pour moi. J’ai beaucoup d’estime pour lui. On a les mêmes origines, nos parents s’entendent bien. Il m’a pris sous son aile quand je suis arrivé à Rennes. L’entente que l’on a sur le terrain est la même qu’en dehors. C’est un plaisir de jouer avec lui. Il a d’excellentes qualités, il peut arriver au très haut niveau. Je ne doute pas de lui, j’espère qu’il y arrivera.
« on se rend compte du parcours et de la chance que l’on a »
Tu n’es pas le seul joueur issu du partenariat entre le SRFC et le club guadeloupéen du Stade Lamentinois…
Il y a aussi Lucas Rosier, ailier en U17, il a de grandes qualités. Je ne doute pas non plus de ses capacités, j’espère qu’il s’adaptera vite au jeu rennais et à la méthode du club. Je pense que, dans pas longtemps, il sera très fort. Parfois, on se remémore les tournois que l’on a pu jouer en Gaudeloupe. On en parle souvent, on se rend compte du parcours et de la chance que l’on a d’avoir intégré le Stade Rennais.
Toi qui vis la chose de l’intérieur. Que peux-tu dire sur ce groupe coaché par Bruno Genesio ?
Je sais que le vestiaire est plein de qualités. Avec le mélange des jeunes et ceux qui ont de l’expérience, c’est un groupe qui peut aller chercher quelque chose en fin de saison.
Tu n'es entouré que d’internationaux en défense. Est-ce un plus pour ta progression ?
Ils nous apportent toute leur expérience. Quand on rate, ils ne se contentent pas de dire que ce n’est pas bien mais ils cherchent tout le temps à nous expliquer pourquoi. Je trouve que c’est très bénéfique. On est tous là pour s’aider au travers des différentes associations sur le terrain. C’est pour ça que je dis que c’est un très bon groupe.
On sent déjà plus d’assurance lors de tes récentes apparitions sur les terrains. C’est un joli bon effectué en un an…
Je ne dirais pas que c’est un joli bond mais l’expérience que j’ai acquise avec Nayef Aguerd la saison dernière a été précieuse. Il dégage beaucoup d’assurance sur le terrain. Il m’a expliqué plein de choses, je le remercie. Et cette saison, chaque défenseur est là pour aider et encourager les jeunes. L’Europe apporte aussi de l’expérience. Je suis encore jeune, j’ai des choses à gommer. Ça passe par beaucoup d’application chaque jour à l’entraînement. Je suis au bon endroit pour progresser. Le Stade Rennais est venu me chercher en Guadeloupe, il m’a formé et beaucoup aidé. Ce n’est que le début.
C’est une saison intense que tu vis, à bien des égards.
C’est une année chargée oui, où je prends de l’expérience, où j’entre dans la cour des grands sur le plan sportif. Le Bac STMG et le permis ajoutent une pression positive. Ce sont de nouvelles étapes, je passe de la vie de jeune à celle d’adulte. Il faut savoir être réglo dans ses affaires, savoir faire la part des choses. Quand il y a entraînement, on se concentre sur le terrain. Quand on prépare les devoirs, on est à l’école. Quand on prépare le permis, on est à l’auto-école. Il faut savoir être bon, au bon moment. Que ce soit à l’ETP Odorico ou à la Piverdière, je suis bien entouré. Nous sommes accompagnés par des personnes compétentes dans leur domaine. J’ai aussi le soutien de la famille, c’est important. Je suis souvent au téléphone avec mes parents, qui habitent en Guadeloupe, et mes frères.
« Je me suis habitué à un rituel quotidien »
C’est une vie à 100 à l’heure…
Ça ne me dérange pas. Je me suis habitué à un rituel quotidien qui est de me réveiller le matin et d’aller en cours. Ensuite, d’aller à l’entraînement, puis revenir en cours. C’est l’apprentissage. Quand je serai plus vieux, j’aurai peut-être encore plus de choses à faire dans la journée. Autant s’y habituer très jeune.
Et ça permet de ne pas cogiter quand tout ne se passe pas comme prévu.
On peut mais ça ne sert à rien. Soit on apprend, soit on se morfond. Quand on perd, on apprend.
Tes frères pratiquent ou ont pratiqué l’athlétisme à très haut niveau. Ce sont des sources d’inspirations ?
Depuis tout petit, je les ai vus s’entraîner très dur. Ils ont une mentalité de dingue. C’est celle que je dois avoir si je veux performer au foot. Ils m’ont montré la voie. C’est grâce à eux si j’ai cette détermination quotidienne à l’entraînement et en matchs. J’ai la rage quand je perds. Je peux briller avec un collectif mais eux pratiquent un sport individuel, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. J’ai vu leur travail acharné, notamment Wilhem qui a connu les blessures. Il a réussi à rebondir, ça a fait sa force mentale. Quand je le vois, je ne peux pas me plaindre et m’arrêter de croire. Je dois me donner à fond pour l’équipe. Quand ils peuvent venir me voir en match, ils le font, ça fait plaisir de les voir en tribune.
Reims va se présenter au Roazhon Park samedi. Un match capital dans la course à l’Europe…
C’est une équipe avec un style de jeu moderne, qui joue et qui est montée en puissance, on le constate tous les week-ends. Ils ont un bel effectif avec de bons jeunes, notamment Valentin Atangana, Naïm Byar et Alexis Kabamba que je connais, avec qui j’ai gagné l’Euro U17. Ils ont leurs atouts, on a les nôtres. Ça peut être un match ouvert, Reims viendra pour gagner. On va tout faire pour prendre les trois points devant notre public. Il reste huit matchs pour aller chercher l’Europe. On doit se donner les moyens pour y arriver.
« J’écoute de la musique et j’ai ma routine d’échauffement avec de la mobilité et des étirements. Je me mets dans ma bulle. Je prends tout le temps des chewing-gums avant de sortir sur le terrain, ça me met dedans à l’échauffement. C’est une habitude que j’ai prise en Guadeloupe. La première fois, j’ai réalisé un bon match, je continue depuis. »