Mario Melchiot : « on m’a traité comme un membre de la famille »

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L’international néerlandais n’est resté qu’un an en France et pourtant il a marqué les esprits de ceux qui ont eu la chance de le voir évoluer sur les bords de Vilaine. Avant le déplacement des Rouge et Noir à Londres, Mario Melchiot, ancien défenseur de Chelsea où il a joué 164 matchs, revient sur son passage en Bretagne.



Mario, pourquoi avez-vous choisi de jouer au Stade Rennais F.C il y a 14 ans ? Un choix qui a pu paraître étonnant à l’époque.
Je voulais venir en France car, en tant que joueur, j’étais un grand fan de Zinédine Zidane.
Au début de ma carrière, j’ai joué contre lui quand j’étais à l’Ajax en demi-finale de la Ligue des Champions. Grâce à des relations que j’avais en France, j’ai eu l’opportunité de découvrir ce championnat. Je savais que le football français, c’était du très haut niveau physiquement et tactiquement. Je voulais montrer à certaines personnes de quoi j’étais capable dans un nouveau championnat. En quatre ou cinq mois, j’ai prouvé et d’autres clubs français me sollicitaient déjà.

« j’ai aimé la chaleur qu'il y avait dans le club »

Que retenez-vous de votre passage à Rennes ?
Ce sont des souvenirs d’équipe que je garde. J’ai eu la chance de jouer avec ce groupe et il y a deux joueurs clés qui m’ont vraiment fait sentir chez moi. Bruno Cheyrou et Jacques Faty. Ils ont pris soin de moi. J’ai joué contre Bruno quand il était à Liverpool. Jacques m’a aidé à trouver une maison, il venait me chercher pour aller à l’entraînement. Il m’a même aidé à porter un frigidaire chez moi. Ça te montre la valeur des personnes. Je discute encore avec eux aujourd’hui.

Quand je suis venu à Rennes, j’ai aimé la chaleur qu'il y avait dans le club. On s’occupait bien de nous. On nous faisait sentir que l’on était au bon endroit. Au Stade Rennais F.C., on m’a traité comme un membre de la famille.

Votre transfert à Rennes a été une grande réussite. Vous étiez l’un des meilleurs défenseurs du championnat…
Le succès, c’est la détermination. Lorsque les entraînements commençaient à 9h du matin, à 7h j’allais faire un footing avant les séances. Personne ne le savait dans le vestiaire. J’avais 30 ans et je voulais m’assurer d’avoir la même condition physique que les autres joueurs de l’équipe et ensuite apporter mes qualités de footballeur.

Vous aussi très vite devenu un cadre malgré la barrière de la langue…
Beaucoup de joueurs dans l’équipe étaient intéressés par le football anglais. J’ai eu la chance d’y jouer longtemps. Ça nous faisait un sujet de conversation. On est devenu proche dans le vestiaire et on se motivait les uns les autres. Pierre Dréossi m’a dit un jour où nous avions des difficultés en championnat : « Parle aux joueurs ! Je suis sûr qu’ils vont t’écouter et te suivre ». Il voulait que je transmette certains messages. À partir de ce moment, l’objectif était d’apprendre le français le plus vite possible.

On vous voit parfois commenter l’actualité du club sur les réseaux sociaux. Vous vous êtes attaché au club ?
Quand les gens vous accueillent bien, vous ne pouvez que garder de bons souvenirs. Je me rappelle du jour où le propriétaire du club Monsieur François Pinault est venu me voir et m’a remercié d’avoir rejoint le club. Il a été très classe.

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Vous imaginiez à l’époque un tel destin pour les Rouge et Noir ?
Lors de ma saison à Rennes, on jouait pour la 3e place. Je ne suis pas surpris. C’est un bon club qui forme de grands joueurs. De l’intérieur, ça a toujours très bien travaillé. Ce que j’aime avec ce club, c’est qu’il ne fait pas de bruit mais il est capable de réaliser des choses dingues. Il y a beaucoup de qualité, du goal jusqu’aux attaquants.

Quelles seront les chances du Stade Rennais F.C. à Londres mercredi ?
Le Stade Rennais F.C. est très bon techniquement, également dans les transitions. C’est un des points forts en France. Quand l’équipe gagne le ballon, il le remonte très vite. Si Chelsea joue compact, ce sera un match très rugueux pour Rennes. Si Chelsea ouvre les espaces quand il attaque et que le Stade Rennais est bien organisé, il y aura des opportunités. Il faudra défendre en équipe. Chelsea part favori mais ce n’est pas grave. Si les Rennais y croient, se battent et s’organisent bien pour boucher les espaces et resserrer les lignes, ce sera aussi difficile pour Chelsea. Il faudra bien jouer les contre-attaques.

Que représente Chelsea pour vous ?
Comme Rennes, c’est l’un des meilleurs choix de ma carrière.

« la pression est sur Chelsea »

Quel est leur potentiel ?
Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour en arriver là mais c’est aussi un club qui sait former les jeunes pour le haut niveau. Ça apporte de la concurrence. Ils essaient aujourd’hui de reconstruire l’équipe. Ils peuvent faire de grandes choses. Chelsea est le plus gros nom du groupe E. Ils n’ont pas remporté de trophée la saison dernière. Avec leurs ambitions, ils doivent finir premiers du groupe. Ils ont beaucoup d’expérience européenne, le club plus que l’équipe. Dans ce groupe, il n’y a pas d’équipe qui a une plus grande expérience en Ligue des Champions, la pression est sur eux.

Lors de votre saison à Rennes, Romain Danzé faisait ses débuts avec l’équipe première. Vous vous souvenez de ces premiers pas ?
Bien sûr ! Il était timide au début mais il faisait des efforts. Il s’entendait bien avec tous les joueurs. Quand tu commences, tu es réservé et tu ne parles pas beaucoup mais il s’est affirmé sur le terrain et a montré ses qualités. J’ai beaucoup aimé sa progression dans la saison. Il a beaucoup travaillé. Sa carrière a été extraordinaire. Peu de joueurs peuvent dire qu’ils ont joué au haut niveau avec le même club.

Que faites-vous désormais ?
Je suis producteur de télévision et créateur de documentaires et de jeux télévisés. Je commente aussi des matchs de football. Je vis à Los Angeles.


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