À l’approche de la journée de mobilisation de la LFP et des clubs de L1 et L2 pour le Bleuet de France, et de l’anniversaire de la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, des élèves du lycée Chateaubriand se sont plongés dans la grande histoire du Stade Rennais F.C., en s’intéressant plus précisément aux joueurs du SRUC (Stade Rennais Université Club) morts au champ d’honneur. Trois étudiantes, ont quant à elles, axé leur travail sur l’un des fondateurs du club, Philippe Ghis.
François Prigent, enseignant au lycée Chateaubriand de Rennes, agrégé et docteur en histoire contemporaine, a proposé à ses élèves de Première (spécialités Cinéma et Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques-HGGSP) de fouiller parmi les noms qui figurent sur la plaque commémorative en l’honneur des soldats tués au combat, joueurs du Stade Rennais, pendant la première guerre mondiale. Une plaque attenante aux portraits des légendes du SRFC située le long de la route de Lorient. Un projet nommé « Les soldats inconnus du Stade Rennais. 1914-1918, Une histoire au ras des balles ». En effet, à l’instar d’un pays tout entier, le SRUC n’a pas été épargné lors de la Grande Guerre et a payé un lourd tribut lors des combats. Les 30 noms identifiés, les étudiants ont pu retracer leur histoire grâce aux archives militaires, les fiches matricules et les fiches Mémoire des hommes, les anciennes parutions de Ouest-Éclair ou encore le travail de l’historien Claude Loire et de ses publications sur le SRFC. Parmi ces héros, Philippe Ghis, l’un des quatre fondateurs du Stade Rennais en 1901, Stade Rennais Université Club en 1904 après la fusion du Stade Rennais avec le FC Rennais. Une appellation qui rappelle que le Stade Rennais, ce n’était pas que du football au départ. « C’était un club omnisports à l’époque, il n’y avait pas uniquement des footballeurs, mais aussi des rugbymen, des tennismen, des crossmen et même des joueurs de waterpolo » éclaire François Prigent. Une première surprise pour les trois étudiantes qui se sont intéressées au cas de Ghis (prononcer « Guisse »). « Ce qui est étonnant, c’est qu’il jouait au milieu, inter-droit, dans les toutes premières équipes de football du Stade Rennais, mais qu’il a aussi été un champion d’athlétisme, deux fois champion de Bretagne du 1.500 mètres » précise Malou, étudiante de Première. Une spécificité de l’époque qui souligne que le sport n°1 d’aujourd’hui ne l’était pas forcément au début du XXe siècle. Un sport de notables, des élites, de distinction sociale. Et c’est justement Philippe Ghis, né à Rennes le 1er décembre 1882, de papa niçois, qui a été l’un de ceux qui a contribué à sa popularisation locale. « Ghis était un employé. Il a travaillé à la Préfecture, dans les services de l’Assistance publique. Il a occupé le poste de Secrétaire du SRUC et c’était aussi un dirigeant important du mouvement sportif dans le comité régional de l’USFSA. Par son action, il a utilisé le sport comme un outil d’éducation populaire et d’émancipation » explique François Prigent. Homme de progrès, Ghis était aussi un homme de courage, forcément, quand il a fallu défendre la patrie lors de la première guerre mondiale. « Plusieurs fois blessé pendant la guerre, intoxiqué par le gaz et victime d’éclats d’obus, il est décédé à l’âge de 36 ans au front sans connaître son fils né quelques semaines plus tard. Plusieurs documents militaires souligne son courage, comme au printemps 1917 : « Sous-officier énergique, le 16 avril 1917, a su entraîner magnifiquement ses hommes à l’assaut des tranchées ennemies, faisant preuve de réelles qualités de sang-froid et de commandement ».
Philippe Ghis, en bas, tout à gauche
Pour retracer le parcours du co-fondateur du SRUC, le trio d’étudiantes a dû mobiliser toutes les compétences requises lorsqu’il faut faire ressurgir l’histoire : recherche, vérification, réflexion, rédaction, mise en images... « On a appris beaucoup de choses. Je ne connaissais pas l’histoire du Stade Rennais, ce projet, c’est du concret » ajoute Anaëlle. « Les sources datent d’il y a très longtemps, c’était parfois difficile de tout vérifier » se rend compte Lila, « il a fallu croiser tout ce que l’on a pu récolter comme informations.C’est très intéressant d’avoir une autre vision d’un sport aussi populaire qui ne l’était pas tant à la création. » « C’est un peu intrusif de retracer aussi précisément ces trajectoires mais très intéressant » s’amuse Malou. « On sait beaucoup de choses sur la généalogie et la vie personnelle de Philippe Ghis. En histoire d’habitude, le but est d’avoir une bonne évaluation, là c’est plus intéressant et plus créatif. On en apprend autant voire plus et ça permet de mieux comprendre la complexité de la Grande Guerre. »« C’est plus créatif de réaliser une petite biographie et un reportage que de rendre une copie » confirme Anaëlle. Toutes les trois ravies et curieuses d’explorer avec leurs camarades la Galerie des Légendes du Roazhon Park, ces détectives du passé ne s’imaginaient pas découvrir tant d’archives liées à l’histoire de leur ville. Un passé riche et passionnant à découvrir toute l’année dans la nouvelle Galerie des Légendes.
Ce travail de recherches minutieux qui prendra bientôt la forme de petits clips vidéo, les élèves du lycée Chateaubriand le présenteront bientôt, en exclusivité aux jeunes de l’Académie, à l’ETP Odorico dirigée par Philippe Debray. Car pour comprendre le monde d’aujourd’hui, c’est bien dans l’histoire qu’il faut se plonger et les jeunes pousses Rouge et Noir, pour défendre fièrement nos couleurs, ont de quoi s’inspirer.
Philippe Ghis en tenue militaire