Aux abords du stade, sur le mur situé Route de Lorient, les portraits de plusieurs anciens Rouge et Noir se succèdent. Chaque affiche sort de l’atelier d’un artiste bien connu à Rennes, Patrice Poch. Les joueurs séléctionnés font echo à des anecdotes partagées dans le long métrage Au Fer Rouge (diffusion prévue en fin d'année). Rencontre.
Patrice, tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?
J'ai commencé par le pochoir en 1988 en banlieue parisienne, avant de me mettre au graffiti l’année suivante. Je me suis ensuite penché sur le travail de plasticien petit à petit. J’ai quitté Paris pour venir m’installer à Rennes dans le début des années 2000, on peut dire que je suis un Rennais d’adoption !
Qu’est ce qui a motivé votre choix de vous installer à Rennes ?
C’est une ville qui est associée à la culture rock, et la musique a une place importante dans ma pratique, bien que je ne sois pas musicien. C’est peut-être une façon de compenser d’ailleurs (rires). Je voulais faire quelque chose dans ce milieu, et par le biais de la peinture et du dessin, je suis parvenu à créer un pont entre les deux univers. De plus, en arrivant à Rennes, c'est aussi le fait de découvrir de nouveaux territoires qui m'a motivé. Enfin, lorsque je suis arrivé ici, l’art urbain n’était pas à son maximum. C’était un peu un terrain vierge sur lequel je pouvais m'exprimer à volonté.
Ça a beaucoup évolué ?
La situation a de toute façon évoluée de manière globale pour l’art urbain dans les années 2000. Il y a un désormais une reconnaissance pour cette discipline plus importante que dans les années 80 et 90... Toutefois, beaucoup de choses restent encore à faire pour que cela soit mieux organisé.
Quelles sont vos inspirations ?
Comme je l'ai dit auparavant, c'est principalement dans la musique que je puise mon inspiration. Je pense notamment à la culture punk-rock que j'aime mettre en avant dans mon travail. Je fais beaucoup de recherches sur la scène Punk Rock Bretonne et francophone pour la réalisation de mes peintures et autres interventions. J'ai d'ailleurs monté un label (Poch Records) pour renforcer ce lien avec la musique qui m'est cher et je réalise toutes les pochettes d'albums du label.
Du coup, travailler sur le thème du football, ça change forcément !
C’est vrai que c’est la première fois que je l’aborde. Pour ne rien vous cacher, je n’ai pas une très grande culture foot. En revanche, j’ai déjà mis un pied dans l’univers Rouge et Noir car au début des années 2000, j'avais eu la chance de peindre le bar du Roazhon Celtic Kop.
Comment est né ce projet de portraits ?
J’avais déjà des contacts avec plusieurs salariés du stade, et j’ai tout de suite adhéré à l’idée des pochoirs. Au début, le projet était de faire un parcours dans la rue, comme ce que je fais pour le punk-rock. Avec la situation sanitaire actuelle, on s’est plutôt rabattus sur ce mur aux abords du stade. Au fil des discussions, l’idée qui est ressortie assez rapidement a été de faire des portraits qui se rapprochent des vignettes Panini : c'est un un modèle qui touche toutes les générations.
Quelle est la technique pour créer un portrait ?
J’ai à ma disposition une sélection de photos. Je travaille le portrait à l’ordinateur avant de redessiner le visage en grand format. À partir de là, je découpe plusieurs pochoirs (gris, noir, blanc, rouge et bordeaux) pour que je puisse « bomber » à la peinture aérosol chaque couleur. Je les superpose ensuite et le visage apparaît. Il faut compter 3 à 4 jours pour un portrait comme ceux qui sont exposés route de Lorient.
Ce mur devant le stade est idéalement situé…
Il recentre les sujets au cœur du thème et je pense que cela permet également de pérenniser le projet dans le temps, plus que si les portraits avaient été posés dans des rues différentes. On verra ce que cela donnera dans le temps. Ils peuvent s’altérer malgré les protections. En tous cas, les retours sont plutôt positifs !
Vous avez pu regarder un peu les commentaires ?
Je les vois passer surtout sur le Facebook du club. J’aime bien cette spéculation sur qui sera le prochain, c’est assez drôle.
Ces portraits ne vous ont-ils pas rapproché du SRFC ?
On peut dire que je découvre des joueurs que je ne connaissais absolument pas. La part d’histoire dans ces portraits me plaît beaucoup. De manière générale, mon travail me permet de faire un lien avec l’histoire. Même si je ne suis pas footeux, il y a toujours des choses très intéressantes à apprendre. Les commentaires du public me permettent d'en savoir plus sur les faits d'armes et la personnalité de chaque joueur. Par exemple, j’ai cru comprendre que Wiltord était un sacré fêtard ! (rires)
Ces 120 ans ont mis l’art à l’honneur avec également la statue de Jean Prouff qui trône désormais au Roazhon Park…
Effectivement, même si la sculpture est quelque chose qui s’éloigne de mon travail, j’ai trouvé la mise en situation de la statue très sympa, dans les gradins à côté du public. C’est un beau projet.
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