Avant de recevoir Lille samedi soir au Roazhon Park, pour son derby à lui, Benjamin Bourigeaud évoque la forme en cours de son équipe, de son club avec lequel il se sent toujours autant épanoui.
Benjamin, les matchs au Roazhon Park sont des sorties qui rassurent et qui permettent de rester au contact…
On a créé un vrai truc à domicile. Il faut dire que notre public nous pousse pas mal. On avait envie de créer une forteresse chez nous, il faut continuer à bien la défendre comme on le fait depuis le deuxième match à domicile puisqu’on a perdu qu’une fois, c’était contre Lorient. Nos supporters y sont pour beaucoup, on sent vraiment une force supplémentaire, même dans les moments difficiles. Cette victoire contre Strasbourg fait du bien.
Des succès à la maison qui viennent quelque peu compenser des voyages difficiles en 2023…
Ces derniers temps, on a du mal à l’extérieur. On aimerait faire différemment et être, pas plus beaux, mais plus performants et plus efficaces pour ainsi éviter les désillusions. On ne montre pas le bon visage du Stade Rennais F.C. à l’extérieur. C’est sur cela que l’on échange et que l’on travaille pour éviter que ça se transforme en psychose. J’espère que les prochains matchs montreront que l’on a bien fait d’échanger autant sur le sujet.
Cela concerne souvent une période sur deux durant les matchs.
On a été en réaction à Lorient. C’est peut-être le problème que l’on a à l’extérieur. À domicile, on agit tout de suite, on marque assez tôt dans les matchs. On a fait beaucoup d’analyse, il faut maintenant trouver le bon plan et les bons ingrédients pour éviter que ça se reproduise à l’extérieur.
« Je ne sais pas si c’est un manque de confiance ou la peur de mal faire »
Qu’est-ce que ces résultats génèrent chez toi ?
De la frustration car on n’arrive pas à mettre en place ce que l’on souhaite. Pourtant, dans la préparation, il n’y a pas de changement, dans la concentration non plus. Quand le coup d’envoi est lancé, les cinq ou dix premières minutes sont très bien puis on subit une occasion adverse. Je ne sais pas si c’est un manque de confiance ou la peur de mal faire mais on essaie de trouver des mots à mettre là-dessus. De voir une telle différence entre les contenus de match à domicile et ceux à l’extérieur, oui c’est frustrant. On essaie de positiver et ne pas tout jeter. À Lorient, on a fait une très bonne seconde mi-temps, on a su marquer. Il y a quand même des signes encourageants.
Ce sont des démonstrations de la fragilité du foot. Ça ne tient à pas grand-chose.
On le voit dans tous les championnats, il y a de l’inattendu, c’est serré. En plus de ça, je trouve que la Ligue 1 s’est beaucoup renforcée. Certaines équipes qui avaient l’habitude de jouer le maintien font aujourd’hui des performances magnifiques. C’est la beauté du foot, du sport tout simplement. On est en tous cas contents de pouvoir jouer des matchs comme ça tous les week-ends. Ça amène beaucoup de monde dans les stades.
Auprès de toi contre Strasbourg, ce n’était pas Hamari Traoré mais Birger Meling. Que penses-tu de son intérim à droite de la défense ?
Ça s’est super bien passé. Biggy est un garçon intelligent. J’avais échangé avec lui pour savoir s’il avait déjà joué à ce poste. Il m’a dit que oui, plus de 25 matchs. Je sais qu’il est capable de jouer avec son pied droit. Il connaît le poste de latéral parfaitement, l’adaptation s’est faite rapidement. Étant donné que j’ai déjà joué à gauche, la complémentarité, on l’avait. On connaît les qualités des uns et des autres et on sait être solidaires tout simplement.
Vous recevrez de nouveau samedi sur votre pelouse pour la prochaine journée. Objectif victoire ?
Lille a un bel effectif, c’est une équipe qui est très complète. On a eu beaucoup de mal chez eux à l’aller. Le fait de jouer chez nous, c’est une bonne chose mais ce ne sera pas simple. Ils ne vont pas venir ici pour être gentils. Ça ne reposera que sur nous, on devra mettre l’intensité et l’engagement nécessaires pour pouvoir remporter ce match.
C’est l’équipe qui vous a peut-être le plus malmenés cette saison. Tu t’attends à quel type de match ?
Oui du début à la fin. On a su avoir une période d’efficacité et rester solide aussi. Même si c’était sur pénalty, on a mis le but qu’il fallait pour prendre le point du match nul. Il y a des matchs comme celui-ci où on ne sera pas forcément beaux à voir mais il faudra être efficaces. On a pris un point précieux là-bas, mais à domicile on devra montrer autre chose. Ce ne sera pas facile.
« cela donne goût à redoubler d’efforts chaque week-end »
Les accessits européens semblent encore plus chers cette saison…
Ça fait la beauté de l’objectif. Il est peut-être élevé mais en tant que compétiteurs, on aime ça. On aime aller chercher les choses. Ce ne sera pas simple mais au mérite de la régularité toute la saison. C’est plus compliqué mais cela donne goût à redoubler d’efforts chaque week-end.
Au regard du nombre de blessures constaté, la saison est-elle difficile à encaisser ?
C’est une saison particulière. On a eu un mois de janvier malheureux, on a perdu beaucoup de monde. Le plus embêtant est que ce sont de grosses blessures. Ça fait partie du sport mais ça fait beaucoup d’un coup. C’est au groupe de faire face aux pépins et de faire preuve de solidarité. Accompagner les joueurs blessés, ça fait aussi partie de notre job. On sait qu’il y aura pour eux des moments qui seront plus durs que d’autres, ce sera à nous de les soutenir. On a un rythme assez intense avec douzaine de matchs en deux mois. Les voyages sont fatigants mais on ne va pas se plaindre, on aime ce que l’on fait. Le rythme est effréné mais on n’a pas le choix, on fait en fonction du calendrier.
« faire partie des gens qui ont vécu pleinement l’histoire du club »
Tu totalises 248 matchs en Rouge et Noir et 97 actions décisives (46 buts et 51 passes). Deux nouveaux caps se rapprochent pour toi.
Plus les chiffres augmentent, plus c’est beau. Je vis une belle histoire depuis que je suis arrivé ici. J’ai envie de continuer à marquer mon passage à Rennes et faire partie des gens qui ont vécu pleinement l’histoire du club. Mettre son nom dans le haut des classements parmi d’illustres joueurs, c’est toujours satisfaisant.
Affronter Lille, ça a toujours une saveur à part pour toi ?
Bien sûr, j’ai été formé à Lens et éduqué avec cette rivalité. C’est en moi, c’est mon derby entre guillemets. J’aime bien car c’est une belle équipe, c’est toujours plaisant de les jouer. J’ai en plus la chance d’être décisif assez souvent contre eux. Je vais continuer de tout donner comme je le fais habituellement.
Ça te fait quoi de voir Lens jouer les premiers rôles ?
Ils nous piquent des places quand même (rires). Ils font une très belle saison. Ils ont un rythme de fou et se sont renforcés. Ils ont un effectif assez complet et un coach qui fait du bon boulot, c’est quelqu’un de passionné. On sent une osmose de groupe et de club. Pour un club qui a été longuement en difficulté, ce qui leur arrive est magnifique. J’espère que ça va continuer pour eux mais qu’ils ne nous priveront pas d’une place européenne. Ils font leur saison, on fait la nôtre et ce sera à nous d’aller chercher les choses de toute façon.
La moyenne d’âge affichée mercredi soir te rappelle-t-elle tes débuts ?
Il y avait beaucoup de jeunes sur le banc de touche et sur le terrain. Ça reflète le bon travail de la formation. Ça fait partie de notre rôle de les accompagner du mieux possible et de leur donner quelques conseils dans la performance. Il faut aussi leur laisser leur insouciance car ça nous amène du positif. Ils méritent car ils travaillent très bien, ils sont à l’écoute. Ça fait partie de la politique du club. Les voir pousser, ça nous met une pression supplémentaire mais c’est bien de voir que le club compte sur eux. J’ai été bien encadré par Ludovic Ball, Romain Danzé et Benjamin André quand je suis arrivé à Rennes. J’ai été décisif de suite donc je pense que ça a facilité mon intégration.
« C’est vraiment cool ! »
Que penses-tu de cette nouvelle célébration d’après-victoire, bras dessus bras dessous ?
C’est vraiment cool ! C’est une nouveauté chez nous. En termes de communion avec les supporters, c’est bien de faire autre chose avant le clapping. Les supporters nous ont demandé de le faire, on a répondu présent après Paris, c’est là que ça a commencé. On est parti pour le faire jusqu’à la fin de la saison. Mon fils qui était devant nous n’était pas prêt, trop concentré à vouloir faire le clapping (rires).
Pas bons pour les mollets…
Pour ceux qui ont des crampes, ce n’est pas simple mais avec l’euphorie et la joie, ça passe. Ça fait du bien en tous cas de vivre ça avec nos supporters.
« Déjà, je ne fais pas le match avant dans la tête. Quand je suis à l’hôtel, je profite des temps calmes, je passe une journée normale. À partir du moment où la causerie est terminée et que l’on monte dans le bus, je me concentre avec de la musique. J’appelle ma femme et mon fils avant de rentrer dans le vestiaire. Arrivé au stade, la concentration est là. Je mets la musique pour tout le monde, d’autres se mettent dans leur bulle avec les écouteurs, et j’échange avec certains pour régler les détails sur le terrain. Je passe également chez les kinés. Je ne me mets pas de pression, c’est de la bonne adrénaline. On vit de notre passion, on n’a pas à s’en mettre plus. On a celle des résultats bien sûr mais c’est de la bonne pression. »