Petr Čech : « C’est beau de voir le club jouer les premiers rôles. »

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Avant d’être considéré comme le meilleur gardien de la planète pendant plusieurs années, Petr Čech a fait ses armes dans son pays, la République tchèque, puis au Stade Rennais F.C. pendant deux saisons. Dans le cadre des 120 ans du club, il a lui aussi évoqué ses souvenirs en Rouge et Noir. C’était il y a presque 20 ans. Entretien.



Petr, imaginais-tu Chelsea affronter un jour le Stade Rennais F.C. en Ligue des Champions ?
Quand j’ai signé à Rennes, il y avait un objectif. C’était d’être parmi les meilleurs clubs en France. François Pinault est ambitieux et c’est pour ça que le projet m’a intéressé. J’arrivais du Sparta Prague, un club qui jouait la Ligue des Champions. Je suis arrivé à Rennes avec beaucoup de plaisir et je savais que c’était un beau projet. Malheureusement, la première année, ça ne s’est pas passé comme tout le monde le voulait. On me parlait déjà des ambitions mais les clubs qui en ont de grandes doivent procéder pas à pas. Il faut aussi reconnaître qu’il y a de la concurrence en France, il y a des équipes de qualité. Ce n’est jamais facile mais, chaque année, le club a tout fait pour s’améliorer. J’étais plutôt étonné de voir que ça prenne plus de temps que prévu pour que le Stade Rennais F.C. arrive jusqu’à l’Europe. C’est beau de voir aujourd’hui le club jouer les premiers rôles. La région le mérite. Le club a une base de supporters très forte.
 

« j’avais trouvé le projet intéressant »


Te souviens-tu des circonstances de ton arrivée à Rennes ?
Avec le Sparta, on était en pleine préparation estivale, en Autriche. Deux semaines avant le début du championnat, mon agent m’a dit que Rennes s’était positionné parmi les clubs très intéressés. Philippe Bergeroo voulait que je signe. J’ai discuté avec mon entourage et les dirigeants du club et j’ai trouvé le projet intéressant. C’était le bon moment de partir.

Cette signature à Rennes était synonyme d’exil pour toi, pour la première fois.
Au départ, je ne connaissais pas un mot de français. Il y avait cette barrière, c’était difficile. En plus, je suis arrivé tard, peu de temps avant que le championnat débute. J’avais joué deux matchs amicaux. On a vite enchaîné avec un premier match à Montpellier. Pour mon style de jeu, la communication est très importante. J’ai pris des cours de français dès le début, deux heures chaque jour à apprendre pour avoir la capacité de communiquer avec mes coéquipiers. Les joueurs et le staff m’ont aussi beaucoup aidé, ils ont facilité les choses.
 

« La patience est importante dans le succès. »


Avec notamment Kim Källström et Alexander Frei, tu faisais partie des grands espoirs européens à l’époque…
Ma deuxième saison à Rennes, c’était vraiment le pas en avant pour le club. Il signait des internationaux, des joueurs de grande qualité. Ça a attiré d’autres bons joueurs ensuite. On voyait que les ambitions rennaises étaient réelles. Le club n’a cessé de progresser. Il a investi au fur et à mesure dans les infrastructures, pour son académie dans laquelle il y avait déjà de très bons joueurs, et dans le stade. La patience est importante dans le succès.

Tu as laissé une trace indélébile au club, chez les supporters notamment.
J’ai senti leur soutien dès le début. Je pense qu’ils ont apprécié le fait que je donne tout chaque jour, lors de chaque entraînement et à chaque match, pour le club. Quand je suis revenu avec Arsenal puis Chelsea, c’était avec beaucoup de plaisir. Avec Arsenal, c’était plus spécial car j’étais sur le terrain. Avec Chelsea, j’étais dans les tribunes mais sans public à cause de la Covid, c’est dommage.
 

« Quand on repense à Rennes, on a que des bons souvenirs. »


Quel est ton meilleur souvenir à Rennes ?
Je pense que c’est notre parcours en Coupe de France en 2003. Nous sommes arrivés en demi-finale. Malheureusement, on a perdu à Auxerre mais on avait fait un beau parcours. On a joué à Strasbourg contre Schiltigheim en quart, un match contre une quatrième division, à guichets fermés. C’était spécial, on a gagné 2-1 là-bas. C’est le genre de match piège. Il y a aussi mon dernier match à la maison où je suis sorti à la fin. Je n’ai pas apprécié de ne pas jouer la dernière minute (rires) mais les joueurs m’ont fait une belle surprise. La sortie du terrain pour mon dernier match avec le Stade Rennais F.C. était un moment particulier. J’ai vraiment vécu deux années très intéressantes à Rennes. Avec ma femme, on aimait la vie là-bas, la ville et la dynamique des gens. Quand on repense à Rennes, on a que des bons souvenirs.

Tu as retrouvé le Roazhon Park à deux reprises. Quelles étaient tes impressions ?
La première fois avec Arsenal, des souvenirs sont revenus. Quand je suis parti, la plupart du stade était fait mais la plus grande tribune côté route de Lorient était en construction. On n’avait pas eu tous les supporters une partie de la saison. Voir le stade fini, avec cette chaude ambiance, c’était très beau.

Tes coéquipiers d’Arsenal s’attendaient-ils à ce genre d’opposition ?
On s’attendait à un match difficile. On savait que chez lui, le Stade Rennais F.C. allait tout donner pour le club et les supporters. C’était un grand match dans son histoire. Ça a donné beaucoup de motivation et d’énergie à tout le monde. On n’a pas bien géré le match non plus. On a eu une expulsion. On s’est mis en difficulté. Mais ça nous avait aussi bien préparé pour le match retour.
 

« On avait la même philosophie et le même avis sur le poste de gardien. »


Le SRFC, c’est aussi une rencontre, une collaboration qui n’a pas cessé depuis, celle avec Christophe Lollichon. (entraîneur des gardiens du Stade Rennais F.C. de 1999 à 2007)
On a trouvé une bonne balance entre travail et relations personnelles. La position des gardiens est particulière. On avait la même philosophie et le même avis sur le poste de gardien. Son professionnalisme au quotidien et sa volonté de faire les choses du mieux possible ont été importants pour moi. Je travaillais chaque jour pour devenir le meilleur possible et il avait le même esprit. C’était un plaisir de travailler avec lui. Puis quand José Mourinho est parti de Chelsea avec tout son staff, j’ai donné le nom de Christophe comme première option. On a eu la chance de continuer ensemble.

Que penses-tu des performances récentes du SRFC en compétitions européennes ?
Les parcours du Stade Rennais F.C. en Europa League et en Ligue des Champions ont été très intéressants. L’équipe a produit un style de foot moderne et beau à regarder. Ils ont essayé de créer du jeu, de jouer vite. Ils ont été offensifs. Leur manière d’aborder les coupes d’Europe a été très positive, face à toutes les équipes. Le Stade Rennais F.C. s’est bien défendu en Ligue des Champions.

Tu as toujours suivi les performances des Rouge et Noir ?
Je suis toujours mes anciens clubs car j’ai forcément une relation particulière avec eux. Et c’est intéressant pour moi de suivre les autres championnats et les autres joueurs. C’est une partie de mon boulot (rires). Je n’ai cessé de regarder les résultats du Stade Rennais et certains matchs quand je le pouvais.

Que fais-tu d’ailleurs à Chelsea ?
Je travaille sur tout ce qui concerne la performance et la technique, ça comprend le scouting, le département Académie ou les joueurs prêtés. On a beaucoup de travail ! (rires)

Avant la double-confrontation, Julien Stéphan avait prédit que Chelsea serait dans le dernier carré de la Ligue des Champions. Il avait vu juste.
Depuis le changement d’entraîneur, on a fait un très beau parcours. L’équipe a fait de grandes prestations. On mérite d’être où l’on est et j’espère que l’on va arriver jusqu’au bout. On était déjà bien dans la phase de groupe. Les joueurs ont beaucoup de qualité et ils sont ambitieux. On a trouvé un bon rythme.
 

« On est content de le compter parmi nous. »


Edouard Mendy a très vite fait ses preuves...
C’est toujours ce que l’on espère quand on prend un joueur même si on est sûr de ses qualités. C’était pour lui un grand pas dans sa carrière et il a très bien commencé. En tant qu’homme, il a une belle personnalité. C’est quelqu’un qui est très bien intégré dans le vestiaire. On est content de le compter parmi nous. Il a montré qu’il est capable d’être le numéro 1 de Chelsea.

As-tu eu le temps de retourner en Bretagne de temps en temps ?
Avant la pandémie, je suis allé au tournoi Europoussins de Pleudihen-sur-Rance. Mon fils jouait le tournoi avec Chelsea.

Tout va se jouer sur le dernier match pour le Stade Rennais F.C. Le sais-tu ? 
Ça me fera plaisir s’ils parviennent à décrocher l’Europe. Et peut-être qu’on aura l’occasion de vous affronter une nouvelle fois, un jour, en Europe.


 

#AuFerRouge