Il y a eu un moment, il y a deux ou trois ans, où c’est devenu un objectif quand j’ai passé le cap des 300 matches. Je voulais battre le record, c’est forcément une déception mais c’est comme ça.
Le Stade Rennais F.C. a changé depuis ton premier jour au club. Comment perçois-tu son évolution ?
Je suis arrivé au club en 2001, je suis devenu pro en 2006. Beaucoup d’hommes et d’idées sont passées. Le club continue de grandir, il s’installe durablement en Ligue 1 et commence à prendre du poids sur la scène européenne. Il a gagné un titre après 48 ans. Avec la nouvelle direction, le club a pris un nouveau virage. Il continue d’avancer. Il est sur la bonne voie. Il ne faut surtout pas s’arrêter.
Tu le vois aller plus loin ?
Jouer l’Europe tous les ans doit être un objectif. Le Stade Rennais est capable de très grandes choses. Il peut prendre plus de poids dans la hiérarchie des clubs français.
Marc Planus ou encore Nicolas Seube aussi n’ont connu qu’un seul club…
C’est très rare de faire toute sa carrière dans un seul club. Le Stade Rennais F.C. m’a fait grandir et j’ai grandi avec le Stade Rennais F.C. J’ai aussi pris conscience que partir pour partir ne servait pas à grand-chose non plus. Le Stade Rennais F.C. est un grand club français qui est très bien structuré. On s’y sent bien. On joue la coupe d’Europe et on y gagne des titres maintenant (rires). Il me manquera l’expérience d’un autre club français ou étranger mais j’ai construit tellement de choses ici qui m’ont servi et qui vont me servir pour l’après carrière. Les relations avec les gens ont fait aussi que je me sentais très bien à Rennes. Pourquoi partir ? Je n’avais pas de raison.
Y a-t-il quelqu’un qui t’a marqué pendant ton parcours ?
Que ce soit les joueurs qui sont passés ou les éducateurs, tout le monde m’a apporté quelque chose pour que je puisse réaliser ce que j’ai fait. Il y a les entraîneurs bien sûr, ceux dans les clubs amateurs qui te donnent l’amour du football, comme mon père également. Les éducateurs qui m’ont entraîné pour me faire progresser, gagner les matches, et passer les étapes petit à petit. Il y a l’entraîneur qui te lance dans le grand bain, un autre qui te refait confiance, ainsi de suite. Ma femme et mes enfants m’ont aussi poussé à aller plus loin. C’est tout un ensemble. J’ai appris avec tout le monde.
Quelle a été l’importance de ton entourage ?
Ma famille est pudique. Elle ne parle pas beaucoup. Avec ma femme et mes enfants, ils sont essentiels. Ce sont eux qui supportent nos humeurs. Ils sont en première ligne. Ils se sacrifient un peu pour nous car on est beaucoup mis en lumière. Ce n’est pas toujours facile mais ils partagent aussi nos bonheurs.
Comme beaucoup, tu as aussi reçu ton lot de critiques mais ça ne t’a pas arrêté.
J’ai toujours eu conscience de mon niveau, de ce que je savais faire et de ce que je ne savais pas faire. Je pense être objectif sur mes matches et mes performances, et aussi assez critique envers moi-même. Je peux comprendre qu’à certains moments les dirigeants se soient posés la question de faire venir des joueurs pour me mettre en concurrence et améliorer le poste. Ça fait partie du football de haut niveau. Il faut être prêt pour cela. Les entraîneurs font leur choix. J’ai joué près de 380 matches, donc c’est que je ne devais pas être si mauvais que cela finalement.
Ces treize années en tant que professionnel, c’est aussi un lien étroit avec les supporters…
Cette relation fera partie des bons souvenirs. Elle s’est très vite installée avec eux. Au départ j’étais le petit Breton du centre de formation qui arrivait dans le groupe pro. Le contact avec les supporters était simple, que ce soit au stade ou ailleurs. Les supporters ne me voyaient pas forcément comme un joueur.
Tu as aussi vieilli avec les supporters. Vous avez traversé de nombreux moments ensemble…
Eux aussi en bavent quand ils affichent leurs couleurs. À chaque fois que le club perd, ils sont raillés. Pendant plusieurs années, ils ont subi cela. Quand Nkunku la met au-dessus, tout retombe et les larmes arrivent. Ils peuvent être fiers et retourner les choses aujourd’hui. Ils ont beaucoup donné cette saison. Cela me fait repenser à la banderole du RCK : « On n’a plus de pognon, plus de congés mais que c’était bon. » Ils ont été partout en Europe et ont été récompensés au Stade de France. C’est extraordinaire.
Quand son nom est scandé dans les rues de Séville alors que l’on se promène, ça veut dire que l’on fait partie de la famille ?
C’est peut-être aussi pour ça que les gens s’attachent car il y a beaucoup de mouvements dans les clubs. Quand les supporters revenaient au stade à chaque début de saison, ils regardaient et se disaient « Danzé est encore là, lui on le connaît ».
Tu as aussi été le Breton du club.
On représente une belle région. Partout où on se déplace, on se retrouve entre Bretons. On a souvent les mêmes manières de voir et de vivre les choses. Le Stade Rennais est un des ambassadeurs de la Bretagne. C’était un honneur.
Quel est ton plus beau but ?
C’est celui inscrit face à Toulouse (03/10/2010). Pourtant je ne fais pas un bon match mais je marque un beau but. On m’en parle encore. C’est symbolique car c’était à 21h00 sur Canal+ un dimanche soir et on passait en tête de la Ligue 1 après huit journées jouées. Les supporters le gardent en mémoire.
Au-delà du footballeur professionnel que tu as été, tu es surtout un amoureux du ballon rond.
Ma première saison professionnelle m’a permis de découvrir des stade et des publics. On a fait des déplacements européens épiques. On a découvert d’autres univers. Le football m’a fait voyager et découvrir plein de choses. Pour ça aussi, c’était génial.
Ce vendredi 24 mai sera une date à marquer à la pierre blanche.Ton dernier tour de piste au Roazhon Park.
Ça m’empêche de dormir. C’est la quille, la retraite (rires). Ce sera un moment particulier. Ça va faire presque 20 ans jour pour jour que j’ai choisi de m’engager avec le Stade Rennais F.C. On va tourner la page. Ce n’est pas rien mais il y a plein de projets et d’aventures qui vont s’offrir à moi.
Au Stade Rennais F.C. ?
Des discussions sont avancées et devraient se concrétiser bientôt sur une prise de poste au club. Je suis très content de me lancer dans de nouveaux projets.
Pour toi le Stade Rennais F.C. c’est quoi ?
Je suis arrivé au club, j’avais 13 ans, j’en aurai bientôt 33. J’ai fait plus de la moitié de ma vie en Rouge et Noir. J’ai passé plus de temps à la Piverdière que dans ma résidence principale. Le Stade Rennais F.C., c’est ma vie.