Rencontre avec Killian Lecamus, coach des U11

Ancien éducateur à Montauban-de-Bretagne, Killian Lecamus, 24 ans, encadre depuis 2020 les jeunes de l’école de foot. Cette saison, il prend en charge les U11, qui maillot Rouge et Noir sur le dos, prennent déjà les choses très à cœur. Entretien.

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Killian Lecamus
© Stade Rennais F.C.

Comment as-tu intégré l’équipe des éducateurs du Stade Rennais F.C. ?
J’ai étudié en STAPS à la fac de Rennes. En 2020, après cinq six années en tant que coach à Montauban-de-Bretagne, j'ai sollicité le Stade Rennais pour un stage dans le but de découvrir une structure de haut niveau, et cela a débouché par un contrat, ma première expérience professionnelle.

Tu avais déjà entraîné des petits auparavant ? Qu’est ce qui change de ce que tu avais connu ?
À Montauban, j’avais coaché des U7 aux U9 puis les U11 et enfin les U14. Ce qui change, ce sont les conditions d’entraînement. Au SRFC, les groupes sont plus réduits et il y a beaucoup plus de coachs. On a aussi plus d’espaces et de séances d’entraînement. La seconde différence, c’est le niveau des oppositions que l’on rencontre. Notre groupe est plus homogène avec des joueurs de meilleure qualité mais les matchs sont aussi plus difficiles. Les problématiques ne sont pas les mêmes, l’organisation du travail est différente. Le travail en équipe est important au club. Ce fonctionnement nécessite une bonne coordination et une bonne répartition des tâches afin d’être le plus efficace dans l’accompagnement des garçons. On est déjà très précis dans le travail avec les plus jeunes. L’accent est porté sur le travail technique qui requiert une importance cruciale dans le projet de l’Académie.

« Le plaisir reste le fil rouge. »

Sans parler de professionnalisation des entraînements, les séances sont donc déjà très cadrées…
L’exigence est un élément central dans le projet à tous les étages de l’Académie. On doit leur donner tous les outils pour qu’ils puissent progresser. L’exigence est posée par le club mais aussi par la qualité des adversaires. Pour ça il doit y avoir de l’organisation et de l’assiduité à l’entraînement même si à ces âges-là le plaisir reste le fil rouge. Pour ça, on varie les contenus et on essaie de les surprendre parfois à travers certains exercices. Le plaisir apparaît aussi dans la progression tout au long de la saison.

Cette notion de plaisir doit rester le maître-mot ?
On doit tout faire pour garder cette part d’insouciance. Quand les jeunes arrivent au Stade Rennais, ils ont une grande représentation du club, le plus prestigieux autour de chez eux. C’est un cadre qui peut générer de la pression pour des garçons aussi jeunes. Notre mission consiste donc à les accompagner, eux et leurs familles, afin de favoriser leur adaptation et de renforcer leur confiance. Les petits se concentrent parfois trop sur leur performance, et se décentrent de l’apprentissage. Le but est plutôt de bien maîtriser ce qui est enseigné à l’entraînement. Notre rôle est de leur permettre de s’exprimer comme ils en sont capables, mais ce n’est pas toujours évident quand on porte le maillot du Stade Rennais, ça représente beaucoup de choses pour eux de jouer ici.

 

© Stade Rennais F.C.



Détecte-t-on déjà les meilleurs potentiels à 10-11 ans ou est-ce encore trop tôt pour se prononcer ?
Des joueurs font déjà état de très grandes qualités dès le plus jeune âge mais comme le parcours est très long, ce n’est pas l’assurance d’être bon plus tard. Ce n’est pas un sprint mais un marathon.

Comment recrutez-vous les joueurs ?
Notre cellule d’observation travaille au quotidien pour identifier les garçons à potentiel sur le bassin rennais. Nous échangeons très régulièrement puisque nous voyons également un grand nombre de joueurs le week-end lors nos rencontres. Par la suite, ces garçons sont invités sous les couleurs Rouge et Noir.

« Partager avec des coachs d’expérience est une grande chance. »

En parlant de travail collectif, échanges-tu avec des éducateurs de catégories supérieures ?
Il n’y a pas de barrière entre les éducateurs du centre, de la préformation et ceux de l’école de foot. On est tous dans le même espace, ça permet d’échanger sur les différentes problématiques que l’on rencontre. Partager avec des coachs d’expérience est une grande chance. On passe beaucoup de temps ensemble, ça crée des liens forts.

Quand on a affaire à des enfants, comment appréhende-t-on le dosage des charges de travail ?
Petits, les garçons ont beaucoup d’énergie et sont peu sujets à la fatigue, ils supportent bien les entraînements. C’est à partir des U13/U14 qu’il faut être vigilant sur le plan de la préparation physique. À notre niveau, on se concentre plutôt sur des aspects de coordination, de motricité et la vitesse. Ce sont les aspects à prioriser à cet âge pour répondre aux besoins des joueurs. On n’a pas les problèmes de certaines catégories sur le dosage des charges d’entraînements.

Qu’est-ce qui te plaît dans ton quotidien ?
C’est de les encadrer tout simplement. Cette forme d’insouciance dans les échanges, c’est assez rafraîchissant. L’autre chose, c’est que les joueurs sont très réceptifs, très à l’écoute. Ils ont toujours la volonté d’apprendre, ils investissent beaucoup d’énergie, c’est agréable. Faire partie du parcours du joueur en lui donnant un maximum de choses pour qu’il puisse progresser, voir ensuite les collègues des catégories supérieures qui reprennent le relai avec succès, c’est satisfaisant. C’est une grande satisfaction de voir les jeunes progresser.

Comment se déroule une semaine type ?
On s’entraîne trois fois par semaine, le lundi, le mercredi et le jeudi, le samedi c’est soit match soit tournoi. On peut dire que je commence ma semaine type le vendredi avec la préparation de la semaine d’entraînement qui va suivre. Les séances durent 1h30.

« C’est parfois assez impressionnant. »

Es-tu parfois surpris par le niveau affiché ?
On oublie parfois que ce sont des garçons qui n’ont que neuf ou dix ans. Ils sont évidemment perfectibles mais ils sont parfois capables sur le plan technique de faire beaucoup de choses. C’est parfois assez impressionnant. On met beaucoup l’accent sur la maîtrise technique, c’est la priorité, mais on transmet également les bases du jeu collectif. Sur un an ou deux ans, on mesure bien la progression sur certaines phases de jeu qui peuvent être assez réjouissantes à voir.

Te tarde-t-il d’être dans dix ou quinze ans pour constater l’évolution de certains joueurs ?
Être très fort en U10 ou U11 n’est pas l’assurance de l’être chez les plus grands. À l’inverse, ce sont parfois des éléments moins en vue plus jeunes qui tirent leur épingle du jeu plus tard. On ne peut pas tirer de jugement définitif. Je serais ravi d’aller au stade dans dix ans et de voir les petits fouler la pelouse du Roazhon Park. C’est ce pour quoi on travaille.

 

© Stade Rennais F.C.



Quels conseils donnerais-tu à de jeunes éducateurs qui aspirent à intégrer un club comme le SRFC ?
Être à l’écoute des conseils qui nous sont donnés, être curieux et ne pas craindre de tenter des choses. Lors des entraînements on conçoit des ateliers qui fonctionnent, d’autres moins. L’important est alors d’en tirer les bonnes conclusions pour continuer à améliorer la qualité des contenus que l’on propose à ses garçons. Je lisais beaucoup quand j’étais jeune, des livres d’entraîneur, des ouvrages un peu plus axés sur le jeu, et je regardais pas mal de matchs pour essayer de mieux comprendre l’activité.

Tu n'es pas seulement éducateur au Stade Rennais F.C…
Je suis aussi encadrant à l’ETP Odorico, ça va des missions de scolarité à la surveillance de devoirs, en passant par de l’accompagnement des activités extrascolaires. La pédagogie est différente avec des garçons qui sont en première, seconde et terminale. C’est sympa de revoir à l’ETP des garçons que l’on a vus à la préformation ou à l’école de foot.

On sait ô combien les valeurs sont importantes à l’Académie, l’inculcation commence dès le plus jeune âge ?
Oui, le premier jour de la saison, on mène des actions en lien avec les valeurs du club, la découverte de l’histoire du SRFC. Ils n’ont pas tous le même niveau de connaissance, l’idée est d’expliquer l’ADN de l’institution, ce que l’on attend en termes de comportement sur et en dehors du terrain. On bâtit un socle avec des éléments communs à tous.