Bouziane, depuis votre départ du Stade Rennais F.C. fin 2017, vous avez continué de voir du pays.
Oui et je reviens souvent dans les clubs où j’ai déjà travaillé. Ça a été le cas avec Monaco, Al-Dhafra FC à Abou Dabi et Umm Salal SC au Qatar.
Vous laissé une bonne image partout où vous passez…
Je pars dans de bons termes. J’accorde de l’importance à l’image professionnelle que je laisse. Dans l’investissement et les contacts humains, j’essaie d’être irréprochable, c’est important.
L’investissement dans le football, c’est du temps…
Énormément. On est un peu comme les joueurs, c’est une vie de concessions. Il y a beaucoup de choses que l’on ne peut pas faire car l’investissement pour l’équipe, le club et l’entraîneur est total. Travailler pour un club de football, c’est prenant mais passionnant.
Vous imaginez-vous vivre une vie moins rythmée ?
Ah non ! Je m’ennuierais, honnêtement. Par le passé, j’ai essayé de couper, ça a été compliqué. C’est aussi pour cela que j’ai accepté des challenges que l’on peut considérer comme exotiques. Il faut toujours que je sois en activité. C’est également important de rester dans le circuit parce qu’il y a de plus en plus de monde, de jeunes entraîneurs avec de la qualité. C’est un métier passion forcément attirant. Cependant, ça nous éloigne de la famille. J’ai pu la retrouver il y a quelques semaines. Ma famille, ma femme et mes deux enfants, est restée à Rennes depuis ma première expérience au Stade Rennais. Elle ne m’a suivi que de temps en temps dans les pays où j’ai voyagé.
« On a beaucoup apprécié notre premier passage »
Ce n’est pas la première fois que la famille d’un coach ou d’un joueur finit par s’installer à Rennes…
La qualité de vie n’est pas négligeable. Socialement, c’est facile de s’intégrer dans la région. On a beaucoup apprécié notre premier passage, elles sont restées. Cela fait maintenant six ans.
Ce n’est pas déchirant de faire sa valise ?
Non j’adore ça. Ça fait partie de mon fonctionnement. Évidemment que je me questionne souvent sur ma situation personnelle et la carrière à mener. Je n’exclus pas les projets à long terme. Mais quels que soient les clubs, il n’y a pas une saison qui se ressemble, jamais de routine.
Un de vos traits de caractère, c’est l’optimisme affiché en toutes circonstances…
Au fil des expériences, on apprend à maîtriser toutes les situations et scénarios. Que vous soyez premier ou mal classé, il y a toujours une pression à gérer. Tout le temps, il faut regarder de l’avant. Il faut amener de la vie dans un groupe. Avant de commencer le métier de footballeur, quand j’avais la vingtaine, j’ai été animateur dans des colonies et villages vacances. Cela a dû forger ma personnalité. Je suis ensuite devenu éducateur avant de passer entraîneur.
« C’est à travers les rencontres que l’on se nourrit. »
Que vous ont apporté toutes les expériences connues dans les divers clubs ?
C’est à travers les rencontres que l’on se nourrit. L’écoute de l’autre, observer sa manière de vivre, ses comportements, c’est ce qui permet de s’adapter au mieux. Ça a toujours été facile car j’ai le contact assez facile. Ma dernière expérience à Djibouti (ndlr : à l’AS Arta/Solar7) a été marquante. Assez folle, parce que difficile dans le travail. Elle intervenait après la Covid, je me suis dit : "Fonce !", j’ai accepté le challenge. Les installations n’étaient pas comparables à ce que j’ai pu connaître. En revanche, ce passage a été d’une richesse humaine extraordinaire. J’étais parti pour six mois mais je suis resté deux ans tout de même. J’ai pris l’équipe et j’exerçais aussi des responsabilités pour structurer le club, c’était intéressant.
Vous êtes aussi passé par l’Angleterre en 2019. Combien de langues maîtrisez-vous ?
J’utilisais beaucoup l’anglais dans les pays du Moyen-Orient. Je parle l’arabe du Maghreb, un peu différent du Moyen-Orient, on se comprend quand même. À l’étranger, j’ai utilisé l’anglais à 98%.
« Nos retrouvailles se sont faites naturellement. »
Aviez-vous travaillé avec Julien Stéphan lors de votre première expérience à Rennes ?
Julien était à la tête des Espoirs mais on avait tous les jours des contacts grâce à la relation entre le centre de formation et l’équipe professionnelle. Ses joueurs venaient parfois à l’entraînement, Julien venait aussi sur certaines séances. C’est une relation qui s’est prolongée ensuite par des sms, des Whatsapp, des félicitations. Une fois de plus, on a eu un très bon contact humain. Notre passion pour le foot et les prises d'informations sur tel ou tel sujet ont fait que nous sommes restés en contact. Nos retrouvailles se sont faites naturellement. Je suis très heureux de retrouver le Stade Rennais, ça a été le Père Noël avant l’heure. Et aussi très content de travailler avec ce staff car il est compétent. Il l’était déjà à l’époque mais on est encore passé à un stade supérieur.
Comment fonctionne votre duo avec Denis Zanko ?
Avec Denis, nous sommes complémentaires. Nous répondons aux demandes de Julien dans l’exécution des séances d’entraînement, selon les objectifs de la semaine. Nous avons aussi des messages à faire passer aux joueurs. Notre objectif est qu’ils prennent du plaisir pour être performant. Pour ça, les relations humaines comptent beaucoup. On a la chance de pouvoir compter sur un groupe de bons joueurs, avec de la qualité, du professionnalisme et le respect du travail demandé.