Romain Danzé : « On a vécu de belles années avec Benjamin. »

Après avoir disputé 311 matchs, inscrit 66 buts, délivré 63 passes décisives et tissé un lien éternel avec les supporters Rouge et Noir, Benjamin Bourigeaud a rejoint le panthéon des légendes du Stade Rennais F.C., comme Romain Danzé avant lui. Ladanze nous explique comment Benjamin Bourigeaud est devenu Bourige.

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© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias

Benjamin Bourigeaud, c’est la fin d’un chapitre pour le Stade Rennais F.C…
C’est un joueur qui a conquis le cœur de tous les supporters par sa générosité, son engagement et ses performances. C’est quelqu’un qui a marqué l’histoire du club qui s’en va mais le football est ainsi fait. 

Comment juges-tu son parcours au SRFC ?
Il arrivait de Ligue 2 mais il avait réalisé une belle saison, complète. Le jeu reposait déjà sur lui à Lens. Il est arrivé avec un petit CV mine de rien, on le connaissait déjà. Il s’est très vite intégré dans le groupe parce que c’est quelqu’un de bien, qui a un très bon relationnel avec tout le monde. Sur le terrain, il a une qualité technique qui est au-dessus de la moyenne, un niveau physique aussi. C’est quelqu’un de très généreux dans l’effort, qui ne compte pas ses courses, c’est le bon coéquipier. Au fil du temps il a ajouté son côté décisif via des passes et de buts, il nous a fait gagner des matchs. Elle est là son évolution au SRFC, c’est qu’il a réussi à devenir un joueur particulièrement décisif, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

« Performer aussi longtemps dans un championnat qui est difficile, c’est assez impressionnant. »

66 buts, 63 passes décisives, des statistiques que l’on ne reverra peut-être plus…
C’est assez dingue ! La saison dernière, il est à 15 buts et 10 passes décisives. Il a été régulier au très haut niveau. C’est fort car le Stade Rennais est un club qui joue le haut de tableau avec la coupe d’Europe à gérer. Performer aussi longtemps dans un championnat qui est difficile, c’est assez impressionnant. J’ai toujours été étonné que des clubs plus huppés ne se soient pas intéressés de plus près à lui. Je pense que c’est le genre de joueur que tous les coachs aiment avoir dans leur effectif, fiables, réguliers et décisifs. On a vécu de belles années avec lui. 

C’est un joueur technique mais aussi un athlète…
Il répète les efforts, il est capable de combler beaucoup d’espaces en d’en libérer pour les autres. C’est un joueur avec un énorme volume et pas embêter par le ballon. Même dans les fins de matchs où il avait avalé les kilomètres, il savait quoi faire du ballon, c’était une qualité supplémentaire.

« Il a marqué de son empreinte les matchs européens au Roazhon Park »

C’est l’homme des plus grands succès de l’ère moderne du club…
Il est arrivé en 2017 avec Christian Gourcuff. Il a enchaîné avec Sabri Lamouchi et une qualification en coupe d’Europe. Il a vécu toutes les épopées européennes et la victoire en 2019. Il a marqué de son empreinte les matchs européens au Roazhon Park, son but contre Arsenal, son triplé contre le Milan AC… 

 

© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias



Quelle est votre relation ? 
On a vécu de très grandes émotions sur le terrain et en dehors. C’était un bon coéquipier, un très bon camarade. On a des souvenirs de buts et de matchs mais il y a tout ce qui va avec la vie d’un groupe, c’est aussi important que ce que l’on vit sur les terrains. On a pas mal de valeurs communes, je pense que l’on voyait le football de la même manière. Il adore ce sport, il adore le jeu. Il est vraiment passionné, tout comme moi, on se retrouvait là-dessus. On était sur la même longueur d’ondes. 

« On a très vite senti qu’il n’était pas de passage »

Le Président Olivier Cloarec évoque un membre de la famille.
Il passe bien avec tout le monde et avait surtout envie de s’intégrer. Plus les années passaient et plus il était curieux des gens, il avait envie de découvrir ceux qui faisaient le club. Il n’hésitait pas à venir voir les uns et les autres dans les bureaux. On a très vite senti qu’il n’était pas de passage, dès le début il se voyait dans la durée. C’est ce qu’il a fait et plutôt très bien. 

Benjamin est plus qu’un joueur dans le cœur des amoureux du club, il est devenu Bourige !
Les supporters apprécient les joueurs qui donnent tout, ne trichent pas, qui assument. Il a donné tout ce qu’il pouvait pour le maillot du Stade Rennais. Les gens ne se trompent pas, ça se voyait sur le terrain. En plus de ça, il allait vers les gens, il avait toujours un mot pour l’autre. C’est comme ça qu’il est devenu l’un des joueurs préférés du public, un joueur emblématique qui a eu le droit à sa chanson. Ça va nous faire bizarre de ne pas le voir sur le terrain quand on va recevoir Montpellier, car en plus il était rarement blessé, il était toujours là à courir. 

 

© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias



Et il est venu le jour du départ…
Il n’allait pas rester vingt ans joueur du Stade Rennais, on le savait. Il y a une fin à tout, il faut retenir le meilleur, ce qu’il a fait, tout ce qu’il a apporté au SRFC. Il y a tout ce qu’il a permis au club de vivre, mais aussi tout ce que le club lui a permis de vivre. Les deux ont procuré à l’autre de très grandes émotions. Il est arrivé à 23 ans, il repart à 30, c’est une grande partie de sa carrière sportive, évidemment il laisse de très bons souvenirs. Les départs font partie de la vie des joueurs de football professionnels. Grâce à sa passion, il va vivre une expérience fantastique dans un nouveau pays, avec une nouvelle culture. Le Stade Rennais F.C. et Benjamin Bourigeaud, c’est une très belle histoire, il faut que les gens se souviennent de ça.

« Ceux qui arrivent à être bons dans les grands moments tout en tirant les autres vers le haut, ce sont de très grands joueurs. »

Pour être si constant et si performant, il faut avoir une grande mentalité. Tu confirmes ? 
Évidemment, vous ne durez pas aussi longtemps dans un club comme le Stade Rennais F.C. et vous n’avez pas de telles stats si vous n’êtes pas un gagnant. C’est un très grand compétiteur, il laissait en plus transparaître ses émotions, avant, pendant et après les matchs. Parfois, il ne mâchait pas ses mots en conférence de presse, quand il le fallait. Il sortait un peu du cadre conventionnel du foot mais ça l’humanisait, il a toujours assumé. Il a pris de l’envergure et de l’ampleur au fil de ces années. Il a toujours pris ses responsabilités aussi, il a grandi avec le Stade Rennais. Ceux qui arrivent à être bons dans les grands moments tout en tirant les autres vers le haut, ce sont de très grands joueurs. 

Quel a été son plus grand match ? 
C’est compliqué, il en a joué plus de 300. Autant il y a des matchs où il pouvait être moins bien mais il marquait et d’autres où il n’était dans le dernier geste mais il était exceptionnel. Je pense qu’il s’est éclaté quand il y a eu Lovro Majer et Martin Terrier, où il parvenait à marquer des buts grâce à des actions collectives folles. Ça lui correspondait vraiment, c’est là où il a été très performant. 

Il aura fait trembler littéralement le Roazhon Park le 7 mars 2019 !
Ce but contre Arsenal va évidemment rester dans la tête des gens. Il a été déclencheur car on était menés 1-0. Sokratis Papastathopoulos est expulsé et il marque sur le coup franc suivant d’une frappe pure face à Petr Čech. Le stade explose, c’est un but marquant de l’histoire du Stade Rennais. Extraordinaire ! Une image ancrée dans les têtes, alors qu’il a pourtant mis un triplé contre l’AC Milan.