Baptiste Santamaria : « Si on veut progresser, il faut savoir être à l’écoute. »

Notre milieu de terrain, qui a entamé sa 4e saison en Rouge et Noir, a dépassé le cap des 400 matchs. Ce chiffre valorise bien sûr ses qualités, mais il témoigne surtout de sa détermination à n'avoir jamais relâché les efforts depuis ses débuts dans le monde professionnel. Entretien avec Baptiste Santamaria. 

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Baptiste Santamaria
© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias

403 matchs professionnels, comment juges-tu ce parcours ? 
C’est beau ! Ça veut dire que j’ai bien bossé, il faut continuer comme ça, Au-delà du travail, c’est la résilience et le fait de ne jamais rien lâcher qui m’ont permis de construire ce bilan. Le temps, l’expérience et le milieu dans lequel j’ai évolué m’ont forgé un caractère, ça a fait la différence. 

Quel était cet environnement ? 
C’est un milieu où il fallait travailler. Je suis un peu parti de rien, il a fallu s’en sortir. J’ai été beaucoup encouragé par mes proches pour atteindre mes objectifs. J’ai commencé au plus bas pour gravir les échelons assez rapidement quand j’étais jeune. J’ai ensuite intégré le pôle espoirs de Châteauroux sans toutefois trouver un club à la sortie. Je suis retourné chez moi à Bourges et quatre ans après j’étais pro. Dans le football, ça peut aller vite, il ne faut jamais rien lâcher. 

Sans faire de place au découragement après la sortie du pôle espoirs ? 
Ces deux années au pôle n’ont pas été simples. Treize ans, c’est jeune pour quitter le cocon familial. Mais j’ai énormément progressé et cela m’a permis de me forger, en termes de caractère et de mental. C’est sans doute grâce à ça que j’en suis arrivé là. 
 

© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias


Quel degré de confiance, ou d’espoir, avais-tu à l’époque ? 
C’est à ces périodes charnières que l’on voit si on est fait pour ça. Si on lâche un instant, ce sera compliqué de viser plus haut. En revanche, si on s’accroche, on montre à tout le monde que l’on est prêt à gravir l’ultime marche et surmonter le monde professionnel. 

Quand on dépasse les trois saisons avec un club, la relation devient sérieuse. 
Hormis cette saison, je suis dans un club qui a réussi à s’installer sur la scène européenne. Si j’ai réussi à durer avec le Stade Rennais, c’est que je suis performant et que le club est content de moi. Il ne faut pas relâcher les efforts. De plus, la région est hyper-agréable, on se sent bien en Bretagne. C’est important de bien se sentir dans son environnement, je marche au feeling.

Gagner ses duels donne de la satisfaction et ça permet de mettre l’équipe sur de bons rails.

D’où tiens-tu ce côté guerrier sur le terrain ? 
Il a toujours été en moi, j’ai toujours eu faim. C’est comme ça que je m’en suis sorti et que je continue à plaire aussi. Ça fait partie de mon jeu et je pense que les supporters apprécient. Je dois conserver cet état d’esprit. Le football est un sport collectif mais aussi individuel dans le sens où on doit gagner ses duels. C’est quelque chose que j’aime, les gagner donne de la satisfaction et ça permet de mettre l’équipe sur de bons rails. Quand on commence à avoir deux ou trois joueurs qui les remportent, tout le monde se met au diapason.

Doit-on te mettre dans la catégorie des sages du vestiaire ?
C’est un bien grand mot. Sur le plan de la maturité de jeu, je dirais que oui car je peux aujourd’hui apporter de l’expérience. Après je suis quelqu’un qui aime bien rigoler, qui aime bien ambiancer, je pense que je dois garder mon esprit naturel de personne fédératrice sur le plan de l’ambiance, tout en étant sérieux sur le terrain. L’un peut aller avec l’autre. On a l’intelligence de faire la part des choses. En dehors, on aime bien plaisanter entre nous, c’est important pour fédérer un groupe. Sur le terrain, c’est l’expérience qui peut permettre d’être un leader, dans le but de guider les plus jeunes. Sur le positionnement notamment, c’est quelque chose que j’aime faire. 

Tu arrives à vite switcher de la rigolade au travail…
Oui ! Quelqu’un qui savait très bien faire les deux, de façon magnifique, c’est Ronaldinho. Il avait ce côté très jovial, rieur, puis sur le terrain il faisait des choses décisives incroyables. Ça demande forcément beaucoup de concentration et de détermination.

Sait-on quand on ne peut plus plaisanter avec toi ? 
En général, ça se voit sur mon visage. Je peux être fermé à la mi-temps, surtout si on n’a pas été bons.

Les paroles, quand elles deviennent des conseils, peuvent avoir un certain poids.

Comment transmets-tu ton expérience ? 
Il faut que la personne soit à l’écoute. Au Stade Rennais, on tombe sur des joueurs intelligents qui le sont. Ce qui est bien, c’est de voir le résultat après avoir adressé quelques conseils. En général, les jeunes se rendent compte qu’avec un meilleur positionnement, c’est plus facile de récupérer les ballons. Les paroles, quand elles deviennent des conseils, peuvent avoir un certain poids. À l’inverse, j’aime bien partager avec Steve dont l’expérience est énorme. Si on veut progresser, il faut savoir être à l’écoute.

Tu as toujours été mis en concurrence depuis ton arrivée, mais ton temps de jeu a toujours été conséquent. Ça te stimule ? 
Je suis un compétiteur, je n’aime pas être sur le banc. Je veux jouer et je fais ce qu’il faut pour pouvoir jouer. Un club comme le Stade Rennais a toujours eu de bons joueurs, il faut donc faire ce qu’il faut pour être titulaire. Quand on est bon, il n’y a pas de raison d’être remis en question. Il faut être le meilleur mais la concurrence doit être saine, il faut penser au bien de l’équipe. 

Avec le recul, serais-tu le même joueur sans ce passage d’un an en Allemagne ? 
Il a été exceptionnel et enrichissant. Je voulais rester là-bas mais l’occasion de rejoindre un bon club français s’est présentée. J’ai sauté sur l’occasion mais ce n’était pas l’envie de base. Ça m’a valorisé en tant que joueur car cette année avec Fribourg a été très bonne, c’était une très belle expérience. Comme je l’ai dit, je marche au feeling, il a été très bon avec le Stade Rennais et c’est pourquoi je suis revenu en France. 
 

© Stade Rennais F.C. / Ouest Médias


Quel est ton feeling actuel ?
Aujourd’hui je joue. Tant que c’est comme ça, c’est bien (rires).

Ton rôle en tant que milieu a-t-il changé avec le temps ? 
Les systèmes et les structures changent. Le poste évolue, je joue en sentinelle, ou avec un autre 6 à plat, ou alors un peu plus haut en 8, il faut s’adapter. Depuis mes débuts, il y a eu une évolution. Aujourd’hui, le 6 est un 10 reculé, il fait davantage le jeu. À l’époque le 6 était cantonné à récupérer les ballons, désormais, on doit être à la récup’, à la relance, un peu partout…

Avec un rôle de prise de température, et de baromètre, à donner le ton…
Oui, les milieux de terrain dictent souvent le tempo, entre jouer rapidement, choisir entre les temps de possession ou de récupération. Le bon pressing d’un milieu de terrain peut aussi conditionner le jeu. 

Quelles sont tes références à ce poste ? 
Steven Gerrard et Frank Lampard m’ont inspiré. Celui qui a joué un rôle dans ma progression, c’est Bryan Bergougnoux. Il était le grand frère qui donnait plein de conseils. Quand je suis arrivé à Angers, Thomas Mangani m’a beaucoup apporté également. Deux joueurs pour moi qui étaient sous-cotés.

Quel est ton meilleur match à Rennes ? 
Je choisirais Milan chez nous la saison dernière, un top match où il y a eu une grosse débauche d’énergie. 

Quand sais-tu que le match sera bon ? 
C’est collectif. On peut louper sa première passe mais si l’équipe est dedans, on se reconcentre très facilement. 

Il faut vite communiquer à ses partenaires un état d’esprit conquérant.

Pour évoquer ta gestuelle, on te voit peu t’emballer sur des faits de jeu contraires…
Je considère que ce n’est pas en incriminant ou en disant quoi que ce soit que ça va changer quelque chose. Tu prends un but, il faut se relever. Il faut savoir basculer. Les cinq minutes après un but encaissé ou marqué sont déterminantes. C’est pour ça que j’essaie de me contrôler. Bien sûr il y a de la déception quand on en prend un, mais je ne le montre pas. Il faut vite communiquer à ses partenaires un état d’esprit conquérant. 

Pareil quand tu prends un mauvais coup ou que les esprits s’échauffent. 
C’est parfois difficile de se contrôler, je préfère alors m’éloigner. Je ne m’énerve pas vite mais quand je le suis, il vaut mieux que je prenne mes distances. J’ai des partenaires plus impulsifs, mon rôle est plutôt de les calmer pour éviter de rentrer dans des conflits où l’on va prendre des cartons inutilement. 

Quel est ton avis sur ce début de saison ? 
Il faut un temps d’adaptation aux nouveaux. On a changé de système, ça demande aussi du temps. Mine de rien, on a quand même produit des matchs plutôt intéressants, notamment contre Lens et Montpellier dans le contenu. Beaucoup d’équipes vont perdre contre le PSG, on est tombé contre meilleur que nous. Ça montre aussi que l’on doit progresser si on veut embêter ces équipes. Je peux confirmer que l’on travaille beaucoup, il n’y a pas de raison que l’on ne soit pas récompensé. À domicile, on n’est pas très inquiet mais si on veut jouer les premiers rôles ça va passer par les matchs à l’extérieur. 

À quoi s’attendre face à Monaco ? 
Ce sera un gros match, un beau match, et on aime jouer à 21h. On sera devant notre public, ça va être super. Monaco est une très belle équipe, complète, qui joue très bien, avec des joueurs qui arrivent à combiner dans de petits espaces. Ils sont très techniques, et athlétiquement rapides et puissants. Ils sont à leur place mais on a les armes pour remporter ce match.

J7 de Ligue 1 McDonald's
Stade Rennais F.C. / AS Monaco
Samedi 5 octobre 2024 – 21h00
Roazhon Park 
Match diffusé sur DAZN