En parcourant presque tous les grades de la formation avec l’Académie Rouge et Noir, Mathieu Le Scornet a trouvé sa vocation en tant que formateur participant aujourd’hui aux rêves des talents de demain. Comment est-il passé de joueur en U13 au Stade Rennais F.C. à entraîneur adjoint de Julien Stéphan ? Comment aborde-t-il sa fonction ? Le natif de Liffré se confie.
Mathieu, regardons dans le rétro. À quand remontent tes débuts avec les Rouge et Noir ?
J’ai commencé en tant que joueur au Stade Rennais F.C., en U13 en 1994. J’ai fait toutes les catégories avec le Stade jusqu’en Séniors. Il y a eu un intermède au Stade Brestois où j’évoluais en réserve. À 20 ans, je suis revenu au club, après une blessure au genou, en tant que joueur amateur.
Comment es-tu devenu éducateur ?
Au départ, on pense tous à faire une carrière de joueur mais quand ça ne passe pas, il faut, d’une, accepter, et de deux ,réorienter son projet. Pendant ma convalescence à Rennes, mon petit frère, Guillaume, jouait en U13 avec le Stade Rennais F.C. C’est en suivant ses matches que j’ai rencontré le directeur du centre de formation. Au fil des discussions, il m’a proposé la responsabilité des U12, la génération 94. Sur 10 années, j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir responsable de la pré-formation (U10/U15).
« Transmettre, c’est une responsabilité. »
Il faut avoir une fibre d’entraîneur pour le devenir ?
Ma vie, c’est aimer les gens. Le feeling pour communiquer est naturel. Transmettre, c’est une responsabilité. Quand on devient éducateur, on a un statut, il faut savoir hiérarchiser les messages.
On sait Julien Stéphan attaché aux valeurs collectives. Ça te parle également ?
L’aspect relationnel est une force incroyable pour un groupe s’il est optimisé. Avec les jeunes ça se passait super bien. Le cadre technique collectif était clair et les joueurs ont adhéré au projet. En plus d’avoir un collectif performant, chacun d’entre eux se développe et emmagasine de la confiance.
Ce qui a permis de réaliser ces deux dernières saisons ?
Julien a réussi à créer cette atmosphère, cette osmose entre tous les joueurs. Pour ceux qui jouent, tout va bien, mais il ne faut laisser personne de côté car le jour où ça évolue, il faut produire la même performance. C’est donc très important d’avoir une vision collective pour performer sur la durée.
As-tu été surpris lorsque Julien a fait appel à toi ?
La vie, c’est une histoire de rencontres. Lui était à la dernière marche de la formation, moi à la première. Le métier est différent. Cela faisait huit ans que l’on travaillait dans le même bureau. Sur les moindres discussions techniques, j’avais toujours une oreille attentive. Du coup, je m’aperçois que lui aussi. Ce n’était pas programmé du tout, il me permet de côtoyer le haut niveau, il est inspirant. Je lui dois beaucoup.
Comment t’es-tu armé sur le plan tactique ?
J’ai appris au contact d’éducateurs et de « conseillers » avec des compétences et des connaissances supérieures aux miennes. Je me suis enrichi. J’avais déjà certaines idées du jeu que j’ai pu tester au fil du temps. Je regarde beaucoup de matches , je lis aussi, pour rester connecté au haut niveau. J’ai passé mes diplômes en parallèle, aujourd’hui je suis titulaire du Formateur, le BEFF (ndlr : Brevet d'Entraîneur Formateur de Football).
« tu sais ce que les supporters ressentent »
Tu es originaire de Liffré. Quand on est de la région, il n’y a donc qu’un seul club à suivre et encourager…
Bien sûr, c’est le Stade Rennais F.C. ! J’ai vécu les matches du club avec les supporters. Quand tu arrives à 13 ans au club, tu développes ton amour pour le club et la ville, tu t’imprègnes des valeurs et de l’identité du club. Finalement quand tu es de l’autre côté, tu sais ce que les supporters ressentent. Donc tu donnes le maximum pour le Stade Rennais F.C.
Qu’est ce qui t’anime le matin quand tu arrives au centre d’entraînement ?
Je suis au service de Julien. Je me dois de répondre présent avant, pendant et après les séances. Nous avons un entraîneur complet, on échange beaucoup sur tous les sujets. Il m’a donné la responsabilité du développement technique individuel, une vraie marque de confiance.
Avoir eu un long passif de formateur est-il un atout à ton poste ?
C’est un autre métier. Autant on a la connaissance des profils parce qu’on les a connus aux étages en dessous, autant chez les pros, on a un devoir de performance. Les connaitre ne suffit plus. Il faut les mobiliser, ils doivent intégrer la notion de Performance immédiate, l’objectif est commun, on gagne ensemble.
Ancien Rennais, Philippe Bizeul vous a rejoint dans le staff cet été. Tu l’as connu au Centre de formation ?
Il a été mon éducateur. Lorsque je suis arrivé au club, il s’occupait déjà des U17 Nationaux, son parcours d’éducateur est riche. Maintenant, on fait le même métier, ça se passe très bien.
« La nouvelle obsession est de les emmener toujours plus haut. »
Que trois membres du staff de l’équipe première soient d’anciens éducateurs du club, c’est anodin ?
C’est important pour un Club comme le nôtre de promouvoir nos jeunes de l’académie. Mon obsession est de faire comprendre que l’on a des jeunes qu’il faut révéler. Dès les plus jeunes catégories, la qualité est là. Voir arriver en Ligue 1 un jeune est une grande fierté pour tous les intervenants. Aujourd’hui, il faut voir plus haut, notre objectif est que ces jeunes participent activement et régulièrement aux performances de l’équipe.
On pense notamment à Eduardo Camavinga…
Je l’ai connu à 9 ans. C’était trop tôt pour qu’il puisse intégrer le club. Dans la logistique, ce n’était pas possible pour ses parents de faire les aller-retours entre Fougères et Rennes. Il fallait créer une proximité malgré l’éloignement. Il a participé à un tournoi, puis via un covoiturage, il a pu intégrer le Stade Rennais F.C. Nos chemins se suivent, c’est top. On parle de lui, je pense aussi à Gerzino Nyamsi, il y a un potentiel intéressant dans la région. Il faut accompagner et bien évaluer ces générations.
Entre soulever la Coupe de France et voir un jeune joueur atteindre le plus haut niveau, quelle est la plus grande fierté ?
Les deux font la paire. Eduardo est un bel espoir pour tous les jeunes de l’Académie et de l’école de foot.
La Coupe de France restera bien évidemment gravée. Il faut mesurer cette chance de l’avoir remportée. Mais on ne peut pas vivre dans le passé. On doit tous les jours penser plus loin. La récurrence des matches fait que tu n’as pas le droit de te reposer. Tu gagnes un match, tu es content, mais il faut déjà préparer demain...
Participer à la progression du club, c’est aussi une responsabilité…
On veut tous que ça marche au mieux. Je pense à de nombreux salariés du Stade Rennais F.C. qui sont là depuis longtemps. Notre passion, notre énergie nous emmène. On veut tous porter haut les couleurs et les valeurs du club.
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