L’international tricolore n’a pas tardé à faire son retour en Bretagne après une Coupe du Monde forcément difficile à digérer. Pleinement concentré avec le Stade Rennais F.C., Steve Mandanda, qui atteste que tout est réuni pour réaliser une belle seconde partie de saison, fait le vœu de vivre en 2023 de grandes émotions en Rouge et Noir. Rencontre.
Steve, te voilà déjà de retour !
J’avais envie de reprendre rapidement. Contrairement au Mondial qui se déroule habituellement l’été, là on n’a pas le temps, le championnat reprend rapidement avec un enchaînement de matchs conséquent. J’avais ce besoin et cette envie d’être présent. C’est sûr que j’aurais préféré que ça se passe mieux jeudi soir mais c’était important pour moi de rentrer, de retrouver le groupe et surtout tout faire pour aider l’équipe à remplir les objectifs.
La belle année 2022 s’est effectivement conclue par un accroc à Reims…
Ça met fin à une série de 17 matchs sans défaite, c’est une grosse déception car on voulait surtout bien finir 2022. Maintenant, la saison est encore longue. Il faut garder le positif et garder en tête que l’on a fait une belle première partie de saison. On est toujours en haut du classement. Certes, beaucoup d’adversaires sont proches mais on fait partie de cette course. Il faut positiver avant un autre match qui va arriver vite.
« Ce sont des alertes qu’il faut prendre en compte, on n’a pas de marge. »
On sait aussi comment la saison a débuté…
Ce sont des alertes qu’il faut prendre en compte, on n’a pas de marge. On ne peut pas se permettre de faire un peu moins. On doit jouer tous les matchs à fond. On le répète assez souvent, on a l’impression de le banaliser mais tous les matchs sont compliqués. Quand on le dit, le match de jeudi soir prouve que l’on a raison. Quand on fait un peu moins, on est puni de suite.
Est-ce la grinta qui est à retrouver ?
C’est un tout. Il n’y a pas que l’aspect intensité et impact. Pour repartir sur une victoire et trouver un nouvel élan, il faut retrouver un collectif, une sérénité, tout ce que l’on a pu mettre comme ingrédients avant la coupure du championnat.
Sont-ce les disparités de forme qui peuvent expliquer ce revers ?
Je ne sais pas trop sur quel compte le mettre mais ça fait partie des choses qui arrivent dans une saison même si ça ne devrait pas arriver. À nous de faire en sorte de retrouver nos valeurs dès lundi. On a besoin de retrouver le chemin de la victoire pour rester dans le haut du classement.
Que penses-tu de tes six premiers mois passés au SRFC ?
Je n’aime pas trop faire les bilans à mi-chemin mais pour l’instant c’est positif, entre les résultats et mon intégration au sein du club, l’accueil que j’ai pu recevoir, avec les dirigeants, joueurs et supporters. C’est énorme, j’en profite pour remercier tout le monde. On en veut toujours plus, on a cette envie d’aller plus haut. On efface le match d’hier et on va se baser sur le positif.
Le jeu doit nourrir les ambitions du groupe selon Bruno Genesio. Es-tu satisfait du contenu proposé jusqu’ici ?
On veut essayer de faire mieux que la saison dernière, donc c’est d’être sur le podium. Dans le jeu, on a produit du très bon football par moments. Je trouve que l’on concède trop de buts à mon goût, c’est le gardien qui parle, mais si on arrive à gagner les matchs, je me satisfais de ça. Depuis le début de la saison, tout est réuni pour que l’on fasse quelque chose de beau.
« Je suis content mais j’aimerais être très content à la fin de la saison. »
Lors de ta présentation en juillet, tu annonçais vouloir retrouver le plaisir de jouer. C’est le cas ?
Complètement. Déjà, j’ai retrouvé le terrain. Et avec l’équipe et le coach que l’on a, et le football que l’on produit, ça procure beaucoup de plaisir. Je suis content mais j’aimerais être très content à la fin de la saison.
Tu le connais désormais bien ce vestiaire, comment t’y sens-tu ?
C’est vraiment un super groupe, composé majoritairement de jeunes avec énormément de qualités. Il y a aussi beaucoup de respect entre nous et de la joie de vivre. Le groupe vit bien et avance bien, c’est le plus important. Il faut garder cet état d’esprit. Presque tout le monde est revenu sur le terrain, il va y avoir de la concurrence et beaucoup de matchs. Il faut garder tout le monde concerné pour amener cette équipe vers de nombreux succès.
Après Romain Salin, tu es l’autre aîné de ce groupe. Le berger ?
Je suis comme ça de base, j’aime bien accompagner les plus jeunes. Il est sûr qu’avec de l’expérience, on a plus de recul, on voit les choses différemment mais le groupe est à l’écoute, il bosse. C’est vraiment simple de vivre dans cette équipe.
Que peux-tu dire de ta relation avec le groupe des gardiens ?
C’est un groupe dans le groupe. Avec Olivier (ndlr : Olivier Sorin, entraîneur des gardiens), ça se passe superbement bien. C’est un très grand professionnel, quelqu’un qui est protecteur et très proche des gardiens. Il fait tout pour nous mettre dans les meilleures conditions. Tous les jours, on a des exercices différents dans le travail. Il est très pointu aussi sur l’analyse des adversaires. Les situations que l’on a travaillées à l’entraînement, on les retrouve en match. C’est un grand plaisir de pouvoir de m’entraîner avec lui, et tous les autres gardiens. Que ce soit Romain (Salin), Doğan (Alemdar), Elias (Damergy) ou Alfred (Gomis), on passe de bons moments dans de bonnes conditions et dans la bonne humeur. C’est important pour le groupe et le gardien qui joue de travailler dans un climat sain.
« Il a tout pour être un grand gardien. »
Quel potentiel vois-tu en Doğan Alemdar ?
C’est un jeune qui a un très gros potentiel, très respectueux et à l’écoute. Il a cette soif de travail. Il veut progresser et il a une grande confiance en lui. Il a tout pour être un grand gardien.
Comment se passe la vie à Rennes et en Bretagne ?
Je n’ai pas eu vraiment le temps de visiter mais Rennes est une agréable surprise par rapport à l’accueil, la gentillesse des gens et la bienveillance.
Nice est-il un bon adversaire pour se relancer ?
Ce ne sera pas simple, c’est une formation de qualité qui revient bien, qui a changé pas mal de choses au club. Ça va être un beau match, difficile mais on aime tous jouer ce genre de rencontre. On a hâte d’y être pour essayer de rebondir et montrer un autre visage.
C’est un de tes anciens clubs rivaux quand tu étais à Marseille…
Oui mais toujours aujourd’hui car c’est un concurrent aux places européennes. On doit faire un résultat positif et montrer autre chose dans l’état d’esprit.
« c’est très difficile à digérer »
Comment es-tu revenu de la Coupe du Monde ? Émoussé mentalement ?
C’est mentalement usant oui. Il ne fallait pas être cardiaque, notamment en finale. On laisse beaucoup d’énergies mais moins que quand on joue, pour ma part en tous cas. Il y a beaucoup de frustration car on est à fond dans le match et on ne peut pas aider l’équipe. On ne passe à rien d’être une nouvelle champions du monde donc c’est très difficile à digérer. On est quand même fatigué quand on revient car on n’arrête pas, on a les entraînements tous les jours et les voyages. Ça a été très dur de terminer comme ça, cependant ça reste une belle expérience, une belle aventure. On vit des moments extraordinaires, très forts, avec les joueurs, le staff et les supporters. C’est inoubliable. On ne garde que le positif et l’expérience vécue.
Ousmane Dembélé et Eduardo Camavinga sont de bons garçons en sélection ?
Ous’, je le connaissais déjà bien car on s’est côtoyé avec la sélection, Cama’ moins mais j’avais eu beaucoup de retours positifs. Pour eux aussi ça a été quelque chose de grand. C’est beau pour le Stade Rennais d’avoir deux joueurs formés au club qui jouent la plus belle des compétitions, ça démontre la qualité de l’Académie. Ce sont des mecs qui ont toujours la joie de vivre et la bonne humeur. On a passé de très bons moments ensemble. Ils représentent le présent et l’avenir, ils sont talentueux et sont là je pense encore pour quelques années.
Que peut-on te souhaiter pour 2023 ?
Je fais dans la banalité mais l’essentiel c’est la santé, le bonheur et que la famille se porte bien. Après, le reste, on peut gérer et surmonter.
Et pour les Rouge et Noir ?
Beaucoup de victoires, beaucoup de belles rencontres, énormément de plaisir, une place sur le podium en fin de saison et pourquoi pas un trophée. Ce serait beau et mérité car c’est vraiment un club qui évolue bien. J’ai été agréablement surpris par les ambiances et la ferveur qu’il peut y avoir autour de l’équipe, c’est beau et j’espère que l’on va réussir à faire ce qu’il faut pour qu’il y ait toujours de grandes ambiances au Roazhon Park.
« Avec tous les matchs que j’ai joués… je n’en ai pas vraiment. J’ai pu en avoir plus jeune avec les histoires de chaussettes ou autre. Peu importe ce qu’il se passe, les matchs ne sont jamais les mêmes. Plus on vieillit, moins il y a de vérité dans tout ça. Certains ont besoin d’avoir ce truc spécial pour être bien. Même pour le café d’avant-match, il n’est pas systématique. »