« Je pense que c’est une vocation. J’aime aider les personnes, sentir que je sers à quelque chose. » Son sens du service, Annie Paty l’a mis à disposition de l’ETP Odorico pendant plus d’onze années, quitte à en faire un peu plus parfois et allonger les journées. S’occuper du linge, veiller à la bonne tenue des chambres, prendre en charge de nombreuses affaires courantes pour le bon fonctionnement de l’établissement, accompagner les jeunes vers l’autonomie et donc la vie d’adulte… Annie a le goût du travail bien fait et des choses bien gérées. « Le Directeur ne peut pas avoir les yeux partout. » Le dépassement de fonction ne l’effraie pas, puisque l’entraide est une vertu. « Je m’occupe du centre comme si je m’occupais de ma maison. Bon ! On chauffe au bois chez nous, il y a un peu plus de poussière qu’à l’ETP (rires). » Annie ne se risque cependant pas à dire laquelle est la mieux tenue.
« J’ai commencé par de l’intérim pour remplacer l’ancienne gouvernante Estelle ». Une fois la mission terminée, Annie poursuit son chemin, puis en février 2013, sept ans plus tard, « on appelle à la maison le jour de la Saint-Valentin ». Pour le début d’une longue histoire d’amour et de loyauté entre elle et le Stade Rennais F.C. Avant ce qui sera le dernier chapitre de sa carrière professionnelle, elle travaille « auprès des anciens à leur domicile et certaines personnes dont je m’occupais allaient passer en maison de retraite. Je perdais Antoine, Emilienne, Elise… »
Annie accepte alors volontiers la proposition de Patrick Rampillon, ancien Directeur du centre de formation, et part à la rencontre d’une autre génération, celle qui a des rêves plein la tête : endosser la tenue des grands et faire lever les foules de la route de Lorient. Quand d’autres en bord terrain assistent à l’éclosion de cracks, elle, à quelques pas du Roazhon Park, voit grandir des dizaines de jeunes, pour certains loin de leur famille, « Il y a tous les caractères mais les jeunes sont faciles à gérer. De toute façon, ils savent pourquoi ils sont ici. Les règles sont respectées. » Sans doute à cause du poids de l’institution, le cadre s’impose naturellement. « On a affaire à de bons garçons » même si certains se montrent parfois filous. « Un jour, un jeune s’était amusé à mettre des serpents en plastique sous les draps. J’ai eu une belle frayeur au moment de vérifier les lits. On peut donner le nom, c’était Yann Gboho (rires) ». Si les pensionnaires aiment parfois taquiner, car on ne taquine que ceux que l’on aime, ils se retrouvent tout heureux de croiser Annie sur leur chemin pour se faire beau le jour J. « Quand Mathys Tel et Jeanuël Belocian ont signé leur premier contrat professionnel, je les ai aidés à repasser leur chemise. »
Originaire de La Bouëxière, là où les frères Laurent et Patrick Delamontagne ont fait leurs débuts, Annie a pour elle la faculté d’afficher une humeur égale, appréciable pour tempérer celle des joueurs soumis à la pression de la réussite scolaire et sportive. « On le voit, le sport-études est très éprouvant. Le moindre moment de libre, ils le consacrent au repos. » Si à travers les missions qui lui ont été confiées, les gestes ont très vite été maîtrisés, elle a mis un peu de temps à contenir certaines émotions. Surtout quand les apprentis footballeur doivent quitter l’ETP. « Au début, j’ai eu du mal à les voir partir, surtout ceux qui n’ont pas réussi à trouver de club. Ils rebondissent toujours mais c’était dur au départ. Avec le temps, je me suis habituée. »
Ce temps décomposé en cycles de trois ans pour les pensionnaires qui, en même temps qu’ils s’entraînent, apprennent en classes de seconde, première puis terminale. « Il y en a avec qui j’ai davantage gardé le contact, comme Lorenz Assignon, Adrien Truffert ou Georginio Rutter. On s’attache plus avec les internes. Ils nous marquent plus car ils sont là tout le temps. Ahmad Allée était très attachant» confie-t-elle.
Après de nombreuses missions d’intérim, des contrats dans des cabinets médicaux ou encore en maison de retraite, Annie estime avoir vécu à l’ETP la plus belle page de sa carrière. « Quand on a connu l’usine - celle de la Janais en 2007-2008 avec ses cadences intenses et ses horaires décalés - on se dit que l’on est bien aux côtés des jeunes de l’ETP » mais aussi des encadrants avec lesquels elle retiendra les très belles relations nouées, de même avec les professeurs. Quand les collègues deviennent des amis. Ceux-là mêmes qu’elle prendra plaisir à revoir entre deux tours dans son jardin. La retraite ne sera vraisemblablement pas de tout repos. « Nous avons 4.000 m2 de terrain avec mon mari, non loin de la forêt, et j’aime bien la nature. Je vais m’occuper des arbres fruitiers et des petits-enfants. Je vais aussi donner de mon temps à des associations » toujours pour continuer d’aider et se rendre utile. Sans oublier de se rendre au stade tous les quinze jours pour suivre l’évolution des petits.
Belle retraite Annie et Merci !